Je ne crois pas surprendre personne en annonçant qu’acheter une voiture neuve a été ma pire bourde financière. Que dis-je? J’en ai même acheté deux! Eh oui, j’ai fait l’erreur deux fois plutôt qu’une! D’ailleurs, j’en ai parlé récemment lors de mon passage au podcast 20 ans, pas l’temps?. 😉
Peu de temps après mon deuxième achat, qui me semblait tout à fait raisonnable à ce moment-là, la lecture d’En as-tu vraiment besoin? de Pierre-Yves McSween eut l’effet d’une gifle au visage. Surtout que j’avais ma nouvelle voiture depuis à peine un mois seulement. Soudainement, l’achat me semblait beaucoup moins raisonnable. Malheureusement, le mal était fait et la voiture valait déjà moins que le solde du nouveau financement, seulement après avoir quitté la cour du concessionnaire.
J’étais tombé dans le piège du lifestyle inflation. Je gagnais un bon salaire pour mon âge et j’avais l’impression que « je méritais de me gâter ». C’est sans oublier combien l’industrie de l’automobile fait des pieds et des mains pour s’assurer qu’on tombe dans le panneau. McSween n’a pas tort à cet égard dans son livre :
L’industrie de l’automobile se bat avec véhémence pour pousser le consommateur à quitter le monde de la rationalité. On utilise une fraction de la durée de vie utile de la voiture, mais on en assume le plus grand coût annuel. D’ailleurs, le prix d’une voiture est tellement élevé que, dans les publicités, on préfère oublier son prix réel. Ce qu’on vend, c’est un paiement mensuel, bimensuel, hebdomadaire, ou simplement un mode de vie.
Les nombreux autres livres de finances personnelles que j’ai lus par la suite avaient tous un discours assez similaire. Ça ne faisait que confirmer combien j’avais fait une erreur. En plus de ne pas être trop fière, je me sentais coincée avec mon achat, car m’en débarrasser impliquait déjà une perte significative, sans oublier que j’avais besoin d’une voiture.
À quiconque qui songe s’acheter une voiture neuve, laissez-moi vous détailler pourquoi il serait préférable d’acheter une (relativement) vieille bagnole.
Les satanés paiements
Voyons voir dans en détail ce que mes sept dernières années de paiements de voiture représentent réellement.
Tout d’abord, j’ai acheté ma première voiture neuve en mai 2014, soit un mois après avoir terminé l’université et avoir décroché un emploi payant. Classique, n’est-ce pas?
J’ai ensuite changé de voiture en décembre 2016, après une offre agressive du concessionnaire. Le nouveau prêt incluait une partie du solde de l’ancienne voiture, puisque bien sûr la valeur de la voiture précédente n’était pas suffisante pour rembourser la totalité de l’ancien prêt. Fou pareil, hein? Ils refilent ça sous le nez des consommateurs qui croient ça normal, puisque tout le monde le fait!
Afin d’avoir un tableau représentatif, j’ai revu mes relevés bancaires. J’ai calculé avoir dépensé environ 35 000 $ en paiement de voiture jusqu’à maintenant. Ajoutons à cela mon solde actuel d’environ 7 000 $ en date du jour. Ainsi, une fois le financement terminé en novembre, j’aurai payé un total de 42 000 $.
Maintenant, qu’est-ce que j’aurai sept ans et 42 000 $ plus tard? Une voiture de 5 ans valant moins de 10 000 $, qui continuera de perdre de la valeur et nécessitera de plus en plus d’entretien.
Décourageant n’est-ce pas?
Si vous aviez un doute qu’une voiture n’était pas un bon investissement, j’espère que ceci vous le confirme. En fait, ça prouve parfaitement comment une voiture rapporte un rendement négatif garanti. Ironiquement, c’est souvent les personnes qui achètent des voitures neuves à répétition qui juge la bourse comme étant trop risquée. 😉
Le coût de renonciation
Analysons maintenant le coût de renonciation, c’est-à-dire le rendement auquel j’ai renoncé en faisant mes paiements sur ces deux voitures, plutôt que d’investir les sommes. Pour ce faire, j’utiliserai ce calculateur d’intérêts composés.
On n’a pas fini d’être découragés. Je dirais même que c’est un exercice borderline masochiste.
Donc, si on reprend le 42 000 $ de paiement sur environ 7 ans, ça revient en moyenne à 460 $ par mois. Si j’avais investi ces montants au même rythme dans la bourse avec un rendement de 8 % (ce qui était réaliste de 2014 à maintenant), j’aurais obtenu :
Alors, au lieu d’une voiture d’une valeur de plus ou moins 10 000 $, je pourrais avoir 51 572 $ de plus en placement. On parle d’un écart de 41 572 $. Bien sûr, cet écart prend en considération que je n’aurais pas eu de voiture du tout. Si on ajoute à cela l’achat d’une voiture usagée et son entretien, l’écart se réduit. On comprend le principe. Ça ne m’aurait jamais coûté 42 000 $ sur sept ans pour une voiture usagée.
Continuons la torture
C’était un bon reality check, n’est-ce pas?
Pleurons encore plus. Ajoutons à ceci l’intérêt composé sur ce 51 572 $ jusqu’à mes 65 ans, soit 30 ans après la fin du financement de ma voiture, et ce, sans investir davantage :
Ouch. Ça commence à faire cher pour rouler en voiture qui « sent le neuf ».
Et finalement, si je continuais d’investir régulièrement 460 $ par mois jusqu’à 65 ans, sur le même principe que si je changeais continuellement de voiture neuve :
Ainsi, vous pouvez constater l’énorme coût de renonciation qui vient avec le cycle infernal des paiements de voiture sur plusieurs décennies. J’arrête la torture à 65 ans, mais on comprend le principe. Ça n’ira pas en s’améliorant en ajoutant des années de plus.
On connait tous quelqu’un qui change de voiture chaque 4-5 ans, une fois le financement échu ou une fois la location terminée. Eh bien, ces personnes auraient peut-être besoin de faire ce genre de calculs pour voir combien coûte réellement cette odeur de voiture neuve.
D’autant plus qu’en fin de compte, le résultat est toujours le même, peu importe quand on décide de briser le cycle. Il ne nous reste qu’une vulgaire voiture d’un certain âge, qui continuera de se déprécier.
Apprendre de ses erreurs
Si vous décidez de faire le même exercice que moi, peut-être trouverez-vous que c’est difficile de voir le côté positif là-dedans.
Personnellement, je suis juste contente d’avoir appris la leçon. C’est dommage que j’aie littéralement gaspillé autant d’argent, mais ce qui est fait est fait. C’est malheureusement irrécupérable, alors passons à autre chose. 🙂
Nous faisons des erreurs. C’est humain. Et j’aime à croire que ce mot explique bien des choses.
– Capitaine James T. Kirk
Si je ne m’étais jamais intéressé aux finances personnelles, peut-être que j’aurais répété le cycle encore et encore. Alors, je suis contente de m’en tirer avec seulement sept ans de paiement de voiture, plutôt que des décennies. Je suis aussi heureuse de ne pas être tombée dans le piège des voitures de luxe. Tous les calculs précédents seraient bien pires si j’avais fait l’acquisition d’une voiture plus luxueuse.
De plus, heureusement, il ne me reste maintenant plus que 17 paiements bimensuels à faire! À la fin du financement, ma voiture, qui n’aura que cinq ans, devrait m’être fidèle encore plusieurs années. Je tâcherai de la faire entretenir religieusement pour qu’elle me dure aussi longtemps que possible. Par la suite, la prochaine voiture, si je sens toujours le besoin d’en avoir une, sera assurément usagée et certainement pas financée.
L’autre excellente nouvelle en lien avec la fin imminente du financement sur ma voiture, c’est que j’allouerai alors ces sommes directement à mon épargne. Mon taux d’épargne devrait alors augmenter… d’environ 20 %! Cela sera très avantageux dans l’atteinte de mon objectif d’indépendance financière.
Conclusions
Voilà. C’était ma pire erreur financière et tout ce que ça implique ou aurait pu impliquer comme coût de renonciation. Je prône la transparence autant que possible sur ce blogue, et cela implique de parler autant des bons coups que des mauvais. Je ne suis pas parfaite, loin de là, et peut-être que des exemples moins reluisants vous réconforteront à l’égard de vos propres faux pas.
Puis, c’est pas tout, je pourrais en nommer d’autres. Notamment, je n’ai pas (encore) abordé tout l’argent que j’ai dépensé dans les Comiccons ou les différentes conventions officielles de Star Trek aux États-Unis auxquels j’ai assisté. Il s’agit de merveilleux souvenirs, mais qui avaient certainement leurs prix. 😉
Et vous? Avez-vous une mauvaise dépense similaire? Avez-vous calculé le coût de renonciation, ou vous n’êtes pas aussi maso que moi? Surtout, êtes-vous en paix avec votre erreur?
N’hésitez pas à m’en faire part!
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23 mars 2021 at 10:13
Ahhhhhh que tu me plonges dans les souvenirs douloureux ici!
Plusieurs erreur financières ici, que je regrette amèrement.
Un mode de vie centré autour des bars et restos pendant la bonne majorité de ma vingtaine. Des milliers et des milliers de dollars engloutis dans absolument rien, en plus d’une hygiène de vie qui a été difficile à remettre en place!
L’achat d’une automobile neuve avec mon conjoint avec des paiements à « 0% » (Je mets les guillemets parce qu’il y aurait eu un rabais au comptant… donc il y a un coût au prêt). Au moins nous avions négocié et été raisonnables. (20K tout inclus pour une voiture qui nous servait à tous les deux, et que nous planifions conserver 10 à 15 ans)
Mais la plus grande erreur a incontestablement été l’achat d’un condo en 2012. J’ai acheté au sommet d’un marché, seule et célibataire. J’ai fini par revendre plus de cinq ans après, à perte, après plus d’un an sur le marché. Entre la taxe de bienvenue, les intérêts payés, les frais de notaire, les frais de condo, la perte de capital, J’estime avoir payé l’équivalent de 2200$/mois irrécupérable. Un loyer dans ces années, dans ce quartier, m’aurait coûté environ 35 à 40% de cela. Une vraie bévue. Mais sans boule de cristal, comment sait-on quand la courbe immobilière va plafonner ou pire redescendre? Et comment sait-on qu’un quartier va soudainement arrêter de prendre de la valeur plutôt qu’un autre? Je reprendrais les mêmes décisions avec les connaissances que j’avais à l’époque. Mais ce fut une erreur très dispendieuse. Depuis ce temps, je ne recommande tellement pas nécessairement l’accès à la propriété à tous.
Je n’ai pas le courage de calculer les coûts d’opportunité de tout cela, ça ferait trop mal! Heureusement, on a redressé la situation et on est en bonne posture financière. Mais on apprend lentement!
23 mars 2021 at 19:53
L’important, c’est d’avoir appris! Et je trouve que d’être capable d’admettre ses erreurs et d’en parler librement, ça prend du courage. Alors bravo pour cette capacité d’introspection, cette transparence, mais surtout pour le beau cheminement vous permettant de mettre ces erreurs derrière vous. 🙂
À l’égard de l’accès à la propriété, je ne pourrais être plus d’accord. Le marché actuel fait peur, honnêtement.
24 mars 2021 at 09:50
Lorsque j’ai fini de payer ma voiture en 2017 c’était GLORIEUX! C’était 315$ que je retrouvais à chaque mois que j’ai immédiatement pris l’habitude d’investir. Et comme j’étais déjà habitué de ne pas avoir accès cet argent, ça n’a fait aucune différence sur mon budget mensuel sur le coup. Mais après quelques mois, dans mon compte d’investissement, j’ai commencé à aimer ça pas mal! 😉
24 mars 2021 at 15:03
J’ai tellement hâte de vivre ça. 🙂
J’adore votre pseudonyme. Je n’étais pas au courant de votre blogue. Je vais explorer ça, ça semble super intéressant!
2 avril 2021 at 11:25
Belle analyse en détails, tu touches un point que beaucoup de gens s’empêchent de voir effectivement. Personnellement, je n’ai jamais eu de voiture, j’habite sur le Plateau et si toutefois, j’en ai besoin, je vais en louer une pour la fin de semaine. Payer des mensualités de 300$/400$ sur des années, non merci!! J’aime mieux investir à la place comme dans ton exemple. C’est logique quoi ! C’est sûr que si tu viens du 450, tu n’as pas le choix d’avoir une voiture, mais des usagées, ça fait la job pareil!
2 avril 2021 at 20:47
Clairement, on se comprend sur toute la ligne. 🙂
3 avril 2021 at 09:37
Je crois qu’on a tous fait des erreurs financières à un moment ou à un autre. J’ai moi-même vécu à crédit dès que j’ai pu avoir une carte de crédit et un salaire, jusqu’à mes 23 ans.
Après avoir mis les bouchées doubles pour rattraper le retard, je récolte quand même pas mal ce que j’ai semé et j’ai bien hâte de voir à 40 ans, il ne faut pas perdre espoir ;).
Bon congé de Pâques,
S.F.