La personne derrière Save Long and Prosper
Contre toute attente, je ne suis pas qu’une simple fan de Star Trek. Je suis en fait une jeune Québécoise de 30 ans en quête d’indépendance financière. Vous aurez peut-être remarqué que dans notre province peuplée de gens nés pour un petit pain, pour qui la capacité d’épargne se résume à être cheap comme Rénald Paré, ou avare comme Séraphin Poudrier, il est parfois difficile d’avoir une relation saine avec l’argent.
Alors, comment en suis-je venu à poursuivre l’indépendance financière?
Bien que je n’aie pas élevée dans la pauvreté, nous n’étions pas très fortunés. Du vivant de mon père, ma mère et lui n’ont jamais fait bien plus que 50 000 $ par année de salaire combiné. Ma mère travaillait alors au salaire minimum dans une usine de textile, et lui, dans l’industrie forestière. En 2004, mon père est malheureusement décédé d’un cancer, au même moment où l’industrie du textile au Québec prenait la poudre d’escampette. Ma mère se retrouvait ainsi sans emploi en plus de devenir mère monoparentale de trois adolescents.
J’ai la plus grande des admirations pour ma mère qui a su retrousser rapidement ses manches, retourner aux études pour ensuite trouver un emploi lui permettant de subvenir aux besoins de sa petite famille.
2010
Je terminais mon DEC en 2010 et déjà, j’avais un certain désir d’autonomie et d’indépendance financière. Alors que mes camarades de classe vivaient encore aux crochets de leurs parents, je vivais déjà en appartement depuis deux ans et j’apprenais à gérer minutieusement mon argent.
Afin de ne pas être un fardeau financier pour ma mère plus longtemps que nécessaire, j’ai décidé de prendre une année sabbatique. Contrairement à plusieurs étudiants du même âge, ce n’était pas dans le but de voyager à travers le monde, mais bien pour travailler et amasser autant d’argent que possible en prévision de mon entrée à l’université.
2011
À l’automne, j’étais prête à commencer l’université avec la coquette somme de 13 000 $ en épargne.
J’avais déjà une certaine fibre frugale, car j’ai accumulé cette somme surtout parce que je « vivais en pauvre », comme je le disais à l’époque. Je demeurais encore dans mon petit 5 et demi avec deux colocataires et on ne faisait que très peu de sorties.
2014
Fast forward trois ans plus tard, je terminais l’université après avoir dilapidé mes économies. Pourtant, j’ai travaillé pendant les trois ans de mon baccalauréat, et ce, à un bon salaire pour une étudiante. En effet, je faisais presque 30 000 $ par an, et ce, à temps partiel.
Que s’est-il passé?
Lifestyle inflation. La vie d’étudiant. L’influence des autres. Keeping up with the Joneses. Les road trips. Les conventions de Star Trek. 😉
À l’obtention de mon diplôme, je me gâte : je m’achète une voiture neuve.
Je suis alors environ endettée de 40 000 $, en additionnant mon tout nouveau prêt automobile à ma dette étudiante. Je n’ai plus aucune économie.
Je ne fais que commencer dans la vie, et je pars avec quelques prises. Je ne m’en rendais juste pas compte à l’époque. Tout le monde fait pareil, alors pourquoi pas moi? Je vais commencer à faire un gros salaire, alors c’est pas grave. Non?
2016
Je n’ai toujours rien appris. Deux ans plus tard, et je n’ai toujours pas de réelles économies. Je fais pourtant un salaire décent, mais on dirait qu’il n’en reste jamais après mes dépenses.
J’ai au moins pris une bonne décision financière. En effet, pour réduire les coûts liés à l’habitation, j’emménage avec un colocataire.
L’envers de la médaille, c’est que la liquidité supplémentaire que m’offre la colocation m’encourage à changer de voiture… pour une autre voiture neuve, bien évidemment.
Maintenant, j’ai 50 000 $ de dettes. Mais c’est normal, non? Mon colocataire est aussi endetté. Je suis pas pire qu’un autre, il me semble?
Il y aura toujours bien la prochaine augmentation pour améliorer ma situation, après tout. Non?
2017
Je ne me souviens pas par quel heureux hasard je me suis retrouvée avec un premier livre sur les finances personnelles entre les mains, mais j’en serai toujours reconnaissante. Je considère cet heureux hasard comme mon wake up call.
En janvier 2017, je lisais notamment En as-tu vraiment besoin? de Pierre-Yves McSween. J’ai eu la piqûre. L’optimisatrice naturelle en moi a sauté tête première dans la lecture, les calculs, les bilans et les chiffriers Excel.
Bien sûr, le constat ne fut pas très reluisant. Surtout à peine un mois après avoir acheté une (autre) voiture neuve! Je regrettais déjà mon achat.
J’ai rapidement mis des stratégies en place pour réduire mes dettes et commencer à épargner automatiquement et investir le plus simplement possible, notamment via les fonds d’investissement de Tangerine.
2018
En 2018, j’ai continué mes démarches de remboursement de dette, d’épargne et d’investissement. En juillet, je quittais mon employeur pour un autre. Avec ma paie de vacances, j’ai fini de rembourser complètement ma dette étudiante. Je l’ai donc remboursé en quatre ans au lieu de quinze!
J’ai également transféré les droits de mon régime de retraite à prestations déterminées dans un CRI et je commence mes premiers investissements autonomes avec Questrade. Je me suis inspirée à l’époque de différents modèles de portefeuille ici et là et je suis passée à l’action.
2019
J’ai continué mes investissements autonomes. J’épargnais un peu ici et là, mais rien d’agressif. Les plus grosses sommes que j’investissais sont allées chez FTQ et Fondaction pour maximiser mes remboursements d’impôts, pour ensuite les réinvestir. C’est aussi l’année que j’ai commencé à investir dans un CELI, avec un maigre 1 500 $.
J’ai fini l’année avec une valeur nette de 55 444 $. On parle donc de plus de 100 000 $ de valeur nette de plus que lorsque j’ai décidé de reprendre mes finances en main! Je sentais alors que je commençais à cumuler une certaine somme intéressante qui pourrait m’être utile plus tard, dans mes vieux jours.
Par contre, je n’avais toujours pas l’impression de parvenir à tirer mon épingle du jeu. J’arrivais à épargner, certes, mais j’avais quand même toujours l’impression d’arriver juste.
2020
Un autre heureux hasard mène à mon second wake up call. Je pense que j’avais déjà effleuré l’aspect d’indépendance financière et le mouvement FIRE dans d’autres lectures en 2017, mais je partais alors de si loin que je m’étais attaqué à la base seulement. J’avais dû en prendre et en laisser.
Quand je suis tombée sur Quit Like a Millionaire le 6 mars 2020, j’avais suffisamment de bases solides pour comprendre tout ce qui s’offrait à moi, si j’appliquais certains changements dans ma façon de consommer, dépenser et d’investir.
À peine quelques jours après, la pandémie du COVID-19 était déclarée, la planète se confinait et les marchés boursiers s’effondraient. Je ne pouvais pas avoir de meilleur signe que celui-là pour me convaincre d’agir.
J’ai injecté toutes les liquidités que j’avais dans le marché. J’avais notamment un fond d’urgence de 5 000 $ qui commençait à moisir en même temps que les taux d’intérêt fondaient comme neige au soleil. Je l’ai investi. Toujours en mars, je recevais un remboursement d’impôt, un bonus et des remboursements de frais de voyage annulés. J’ai tout investi.
Par la suite, les marchés ont repris du poil de la bête. J’ai continué à investir. Peu importe les tergiversations des marchés, j’investis maintenant autant que possible (entre 40 % et 50 % de mes revenus) sur une base régulière et je laisse aller les choses.
J’ai également compris comment je pouvais faire d’une pierre deux coups en réduisant mes dépenses. Premièrement, je dégage plus de liquidité pour investir en phase d’accumulation. Deuxièmement, j’aurai besoin de moins de placements pour subvenir à mes maigres besoins lors du décaissement.
Après tout l’échafaudage de ce plan, j’avais quand même des fourmis dans les jambes et j’avais envie de crier sur tous les toits à quel point mon plan était génial. Atteindre l’indépendance financière (ou FIRE) avant mes 35 ans, c’est pas une petite affaire! Toutefois, parler d’argent avec amis et famille peut s’avérer assez délicat.
C’est ainsi que le blogue Save Long and Prosper est né. 🙂
Objectif du blogue
Ce blogue me permet ainsi de documenter mon parcours et de consolider mes acquis, tout en m’obligeant à rendre des comptes sur la place publique. J’ai également la chance de pouvoir échanger avec des personnes qui partagent mes ambitions et qui s’intéresse de près ou de loin au mouvement FIRE au Québec.
Il y a un proverbe qui dit : « La fortune sourit aux audacieux ». Eh bien, nous n’allons pas tarder à le vérifier.
CAPITAINE BENJAMIN SISKO