L’art de se déresponsabiliser

J’ai lu un billet dernièrement.

L’auteur se défendait d’avoir pris du retard à épargner parce qu’elle avait commencé sa vie d’adulte avec 30 000 $ de dettes d’études. Dette qui, par ailleurs, lui a pris onze ans et demi à rembourser. Pour elle, à cause de cela, il n’y aura pas de liberté 45.

Eh bien.

Pourtant, pour ceux n’ayons pas lu ma page À propos, sachez que j’ai commencé ma « vie d’adulte » (soit autour de 22-23 ans) avec 40 000 $ de dettes, pour ensuite continuer de m’embourber jusqu’à 50 000 $. Cela ne m’empêche pourtant pas de maintenant viser ce qu’on pourrait appeler la « Liberté 35 ».

Tout comme cette personne, ma mère n’avait pas les moyens de payer mes études. Je n’ai pas eu droit aux bourses non plus. Comme je suis native de la région, j’ai du vivre en appartement dès l’âge de 17 ans pour avoir accès à de l’éducation post-secondaire. Bien sûr, j’ai travaillé pendant toutes mes études. Par la suite, j’ai fait des choix merdiques, comme acheter une voiture neuve en sortant de l’université, puis une autre.

Curieux.

J’ai maintenant 30 ans, et j’ai réglé mon prêt étudiant d’environ 15 000 $ en trois ans et demi, puis j’ai réglé mon second prêt automobile en moins de cinq ans. J’épargne maintenant plus de 50 % de mon revenu et j’investis à fond dans le but d’accomplir mon objectif. J’habite en colocation, j’achète mes vêtements dans des friperies, je vais rarement au restaurant et je calcule chaque cenne qui sort de mon compte.

Une question de choix

Tout d’abord, aller à l’université est un choix que nous sommes privilégiés d’avoir. D’autant plus que plusieurs programmes de niveau collégial permettent d’aller chercher de bons salaires, et ce, sans s’endetter au même niveau que l’université. Voilà un premier choix.

Ensuite, avoir 30 000 $ de dettes étudiantes au Québec, il y a déjà quelque chose qui cloche. C’est sûr que si on foire, qu’on manque ses cours et qu’on essaye plusieurs programmes sans avenir avant de finir par prendre ça au sérieux, la facture s’allonge. Mais ça, c’est encore une fois des choix qu’il faut assumer.

Bien qu’il s’agisse d’une dette élevée au Québec, rappelons-nous ça n’a rien à voir avec les dettes étudiantes du reste du Canada ou, encore pire, des États-Unis! On ne fait certainement pas pitié au Québec.

Ensuite, payer 30 000 $ de dettes étudiantes sur onze ans et demi, c’est environ 150 $ par mois. Ce n’est pas exactement life changing. Venir dire qu’une telle dette nous étrangle pendant qu’on gagne 16 $ de l’heure en sortant de l’université (autour de 2009 dans le cas de cette personne), c’est de l’exagération. Considérant que le salaire minimum était à 9 $ en 2009, je ne verserai pas de larmes.

Par la suite, cette personne s’est trouvé un travail au salaire « décent » et faisait 70 heures par semaine. C’est alors qu’elle commence seulement à respirer. Sérieux? Peu importe le salaire que tu fais, à 70 heures par semaine, si tu arrives juste even, tu as des changements à faire dans ton style de vie. C’est tellement facile de blâmer un seul facteur plutôt que de voir le portrait complet.

Ce n’est assurément pas la faute du prêt étudiant à lui seul.

C’est la faute de tout le monde, sauf la mienne

Les Québécois semblent avoir cette fameuse tendance de jeter le blâme sur tout un chacun, sauf sur eux-mêmes. Pourtant, il faut comprendre que des choix douteux, on en fait tous. Essayons donc de les assumer un petit peu.

À lire cette personne, le jeu de la vie est truqué. La seule façon de réussir à épargner, c’est de commencer la vie avec tous les meilleurs avantages et que les planètes sont tous alignées. Pourtant, si on comprend qu’il faut commencer par se payer en premier, avant de payer des luxes et des loisirs, presque n’importe qui peut y parvenir.

Si ce billet m’a autant dérangé (au point d’en rédiger un moi-même), c’est que la prémisse me rejoignait beaucoup. J’avais l’impression d’avoir écrit les premières lignes, tellement nos situations ont déjà été similaires.

Toutefois, la conclusion ne pourrait pas être plus différente de la mienne. Par son récit, la personne tente de convaincre que l’inégalité des chances existe bien. Certes. Mais ça ne fait pas foi de tout. À mes yeux, ça revient aussi simpliste que de dire qu’on est né pour un petit pain.

Malgré nos débuts de parcours similaires, et donc des « chances » que je considère plutôt égales, je m’en sors d’une tout autre manière. Alors, est-ce qu’on parle réellement d’une inégalité des chances?

Si vous voulez mon avis, cela ne fait que prouver qu’on fait notre propre chance. Une fois que j’ai réalisé à 26 ans combien j’étais dans un merdier financier par ma propre faute, j’ai fait certains choix et j’ai appliqué des changements pour reprendre le contrôle de ma vie. Choix et changements que j’applique encore à ce jour, malgré une valeur nette de plus de 150 000 $ et un salaire décent. Car je sais maintenant que c’est ces choix qui me permettront d’arriver à mon objectif.

Je fonçais droit dans un mur et je ne pouvais blâmer personne d’autre que moi. Il n’y avait personne d’autre que moi pour corriger la situation, aussi.

Mieux vaut prévenir que guérir

Bien sûr, pour ceux qui réalisent un peu sur le tard combien ils ont perdu un temps précieux, ça peut être frustrant. Toutefois, ça ne mène nulle part de trouver à qui revient la faute et de ressasser le passer. Il faut penser à ce qu’on peut faire maintenant et dans le futur pour rectifier dès que possible.

S’attarder sur combien on est chanceux ou malchanceux en comparaison avec les autres, ça ne changera rien. Il y aura toujours quelqu’un de plus ou moins chanceux que soit.

Finalement, je terminerai avec une leçon adressée aux parents. De grâce, éduquez vos enfants sur les finances personnelles.

Et cotisez donc à leur REEE.

Nous éviterons peut-être qu’ils publient ce genre de billet dans le futur.

Au plaisir. 😉

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8 Comments

  1. Je suis tout à fait d’accord avec toi, on fait notre propre chance. Oui, on ne naît pas riches tous également, mais souvenons-nous que naître riche n’est pas gage de savoir gérer de l’argent. Là où on est tous égaux, c’est qu’on peut tous faire le choix d’apprendre à gérer l’argent et à sortir de la boîte pour faire autrement. Le jeune dont les parents paient toutes les études n’apprendra peut-être pas la valeur de l’argent et dépensera sans compter au début de sa vie adulte et se retrouvera pas plus avancer qu’elle qui avait une grosse dette au départ (ce n’est pas tout le monde, c’est juste un exemple pour aller à l’autre extrême d’elle).

    En effet, j’entends souvent dire que c’est la faute des voisins, du gouvernement et de la société si les finances d’un ménage vont mal. Pourtant, le line-up est toujours aussi long quand je passe à côté des services au volant de Tim et McDo le matin. Pas mal sûre que ça aurait été moins long de faire le café à la maison au lieu d’attendre 20 minutes au resto.

    Mais au Québec, la majorité ont encore de la difficulté avec le fait que certains s’en sortent mieux qu’eux. Je ne sais pas si je verrai de mes yeux le jour où les gens cesseront de croire qu’ils sont faits pour un petit pain. Surtout qu’aujourd’hui avec toute l’information qui est disponible et facile d’accès sur Internet, il n’y a plus d’excuses!

    • Tout à fait! Ça n’a jamais été aussi facile qu’aujourd’hui de s’instruire sur les finances personnelles et de commencer à épargner et investir. Rendu là, ceux qui le font pas, c’est plus par choix qu’autre chose.

  2. Salut Fire Trekker!

    Merci d’avoir écrit cet article pertinent. Il y a plusieurs sujets dans ton article. D’abord, je suis d’accord que 30 000 $ de dettes n’est pas un _game changer_, malgré ce que plusieurs vont dire. Quand on a commencé notre réflexion puis notre prise en mains de nos finances personnelles, nous avions 38 000 $ sur nos marges de crédit étudiantes en plus d’une dette de 7 000 $ avec les prêts et bourses. En 14 mois nous avons payé notre marge de crédit au complet en coupant nos dépenses mensuelles de 1 471 $ et en vendant nos deux voitures et nos objets. On est loin du 150 $ par mois dont tu parles.

    https://lesingenieux.com/2018/08/07/comment-on-a-rembourse-38-000-de-dettes-en-14-mois/

    Je suis un peu comme toi. À 18 ans j’avais quitté le nid familial, j’avais un appart dans un demi sous-sol sur Saint-Denis avec deux colocs. J’ai ensuite déménagé 8 fois en 7 ans. À 18 and je payais déjà toutes mes dépenses de vie et d’étude sans aucune aide financière de mes parents. J’avais des sessions de 18 crédits à l’université en plus de travailler dans la réserve de l’armée et une deuxième job de gardien de sécurité de nuit la fin de semaine. Pour travailler, je _squeezais_ mes cours dans un horaire de 3 jours et demie en choisissant volontairement des groupes avec conflits d’horaire. Je manquais de sommeil sévèrement, je n’allais pas aux party et j’étais inconnu des clubs étudiants. J’entends encore la sonnerie « Hello Moto » de mon cellulaire Motorola qui me réveillait après 4 heures de sommeil pour aller faire mon deuxième quart de 12 heures en ligne au centre d’achat.

    Je ne suis pas un héro et je ne crois pas au mythe américain du « self made man ». Il y a une mère, un père, une famille, des voisins, des amis derrière chacun de nous. Mais ultimement, c’est nous qui agissons. Pas les autres. Le bon vieux slogan « quand on veut on peut » s’applique bien ici.

    J’ai payé mes études, livres, appartements, passe d’autobus, etc de ma poche. Mais mes enfants ne sont pas obligés de subir le même sort. Nous cotisons au maximum au REEE des deux enfants et au REEI de notre enfant handicapé. Vaut mieux prévenir comme tu dis. Personne n’agira à notre place.

    Sur la complaisance, l’aveuglement et la paresse des gens, c’est la mentalité humaine de se fier au troupeau pour que les changements inconfortables se produisent, plutôt que de faire un véritable travail d’introspection et opérer des changements sur soi. Voici un exemple:

    Nous avons acheté le duplex il y a 9 ans. Il y a deux ans j’ai mobilisé tous les voisins de la ruelle pour en faire une ruelle verte. Nous avons signé des pétitions, fait du porte à porte, négocié des accommodements avec des voisins réticents au projet. Nous avons tenu plusieurs rencontres en soirée pour pour discuter des différents scénarios proposés par la ville, se donner une thématique, un nom original, choisir les végétaux et l’arbre. Une fois les travaux d’excavation réalisés par l’entrepreneur, nous avons planté les végétaux et tout l’été je désherbe, ajoute du paillis quand les promeneurs de chiens laissent leur animal fouiller, arrose en temps de sécheresse. La ruelle est maintenant fleurie et deux arbres commencent à faire de l’ombre sur ce qui était auparavant un désert de béton.

    Récemment, l’ancienne propriétaire est venue faire un tour dans la ruelle. Elle a dit sur un ton léger que « avoir su que la ruelle deviendrait si belle, elle serait resté ».

    Sa remarque montre à quel point les gens ne regardent que le résultat et ne reconnaissent pas le travail qui se cache derrière un succès. Il ne savent pas qu’on a coupé notre temps de sommeil, notre temps de loisir, notre temps de famille et de couple pour faire avancer notre situation.

    Je fais ce parallèle car je vois la même réaction des gens face à nos « succès » financiers. Les gens ne voient que la finalité, notre chiffre en banque, mais ne conçoivent pas les sacrifices qui se cachent derrière. Il faut laisser les gens parler pendant que nous agissons. Nous avons une seule vie, une seule chance. Netflix et Facebook attendront car j’ai mieux à faire.

  3. Ton billet me rejoint tellement.
    Et je crois que pour le commun des mortels qui s’intéresse aux finances personnelles, sans avoir besoin d’être frugaux ou de viser une retraite précoce, c’est très frustrant de voir certains comportements et attitudes face aux finances. Des étudiants qui partent en vacances tout l’été sur leur prêts et bourse plutôt que de se trouver un job d’été, et qui se victimisent ensuite de s’être endettés pour leurs études. J’ai obtenu ma maîtrise en vivant en appartement, sans m’endetter. Idem pour mon conjoint. Je comprends que tout le monde n’a pas la capacité d’avoir un emploi à temps partiel tout en étudiant, mais quand même, c’est possible.
    Ces gens, même avec un REEE garni, n’arriveront pas à épargner. C’est simplement ainsi.

    • Je suis entièrement d’accord. Merci pour votre lecture et commentaire!

      Pendant que j’étais moi-même aux études, mon coloc faisait exactement ce que vous décrivez. Un petit voyage en Europe, par-ci, des sessions complètes sans travailler par-là. Pas grave, les parents et la marge de crédit sont là. Je trouvais ça absolument aberrant.

      Heureusement, une dizaine d’année plus tard, je peux maintenant faire des voyages en Europe sans aucune culpabilité (ou dette), pendant que lui rembourse encore ses dettes d’études.

  4. Superbe article! Ceux c’étant pris en main adoreront, ceux ayant des  »troubles » financiers se déresponsabiliserons en le lisant.

    Je te partage un autre exemple de déresponsabilisation. Un couple avec entreprise familiale, maison, enfants, etc se sépare. À ce point, leur finances étaient familiales, donc à tout de fin égales. 20 années plus tard, le premier est à la retraite depuis 10 ans et le second vient tout juste de prendre sa retraite et doit tout de même avoir un petit travail d’appoint pour maintenir son train de vie. Celui ayant le plus de difficultés à arriver met encore la faute sur la séparation pour son  »échec » financier, même 20 ans plus tard… Connaissant bien les deux personnes, je sais pertinemment que ce sont les choix quotidiens en terme de dépenses et investissements de chacun qui ont créé cette distance financière.

    PS: ce couple n’est pas moi…

    • C’est malheureux combien il est facile de trouver des exemples comme ceci dans notre entourage, car c’est assez courant. Mon propre frère est le poster child de la déresponsabilisation.

      À nous voir aller, c’est difficile de croire qu’on est de la même famille et qu’on a eu le même éducation financière, ou plutôt absence de.

      Merci d’avoir lu l’article et d’avoir commenté! 🙂

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