Le pouvoir du F-You Money

Vous connaissez ce phénomène?

Cette espèce de je-m’en-foutisme qui se développe et évolue au fil du temps, plus on épargne et on accumule de richesse?

La première fois que j’ai lu sur le phénomène du F-You Money, c’était dans l’excellent livre The Simple Path to Wealth de J.L. Collins (que je recommande vivement à tout aspirant à l’indépendance financière, d’ailleurs). Plus précisément, il aborde le sujet dans le chapitre intitulé Why You Need F-You Money, qui est presque intégralement un copié-collé de son article de blogue de 2011, en passant.

Il explique comment, malgré avoir perdu son emploi après les attentats du 11 septembre, il n’était pas dans la misère grâce au F-you Money. Pendant que plein de gens vivaient dans la misère après avoir perdu leur emploi, lui pouvait prendre le temps de se reposer et d’attendre que la tempête passe, puisqu’il avait suffisamment d’argent pour dire f*ck you.

Pour une version plus abrégée, cette vidéo est assez évocatrice.

La tranquillité d’esprit

Personnellement, je remarque ce je-m’en-foutisme grandir en proportion avec mon fonds de liberté.

Plus ça va, moins j’ai le sentiment d’obligation de surperformer au travail. Je rends un travail de qualité certes, mais je ne sens plus le besoin d’en faire beaucoup plus que les autres.

Les évaluations annuelles de rendement qui étaient source de stress pour moi, anciennement, ne sont plus que de simples rencontres à mes yeux.

Je sais pertinemment que si, un jour, mon environnement de travail virait au cauchemar (après tout, personne n’en est à l’abri), je n’endurerais pas ça bien longtemps avant de dire f*ck you.

D’ailleurs, je changerai de supérieure immédiate sous peu. On ne sait pas encore qui ce sera, mais pour la plupart de mes collègues, c’est une source de stress. Sur qui allons-nous tomber? Est-ce que ça va bien aller?

Personnellement, j’espère que ce sera positif. Sinon j’irai voir ailleurs. Aussi simple que ça.

Il faut dire que la pénurie de main-d’œuvre actuelle aide à donner à tout bon salarié un certain confort dans ses pantoufles. Toutefois, je crois que mes près de 200 000 $ en actifs jouent aussi pour beaucoup.

Je ne me sens pas prise au piège dans mon travail ou dans la cage dorée que représente mon fonds de pension. Si ce n’est pas de mon travail, j’ai suffisamment d’argent de côté pour affronter la tempête et trouver des alternatives qui me plaisent vraiment. Je pourrais même me permettre d’être difficile!

L’envers de la médaille

Je ne suis certainement pas la seule à assister régulièrement à de bons contre-exemples. C’est-à-dire ces esclaves (comme le dit J.L. Collins) du 9 à 5 (et de leur fonds de pension), qui n’ont pas d’épargne personnelle et qui dépensent chaque sou gagné (et même plus, vive le crédit!).

Ces personnes ne peuvent pas se permettre de dire f*ck you.

Si elles ne reçoivent pas leurs chèques de payes, ça ne balancera pas à la fin du mois. Les bills ne seront pas payés et la faillite les guetterait d’assez près.

Alors, ils doivent se plier à toute sorte d’exigences, puisque leur emploi est en jeu. Leur rythme de vie en dépend.

Gestionnaire tyrannique? Environnement toxique? Conditions de travail exécrable?

Name it! Pas le choix, il faut que la paye rentre.

Je ne sais pas pour vous, mais je trouve ça franchement déprimant à imaginer.

Avoir la liberté de se respecter

Je n’ai pas besoin de chercher bien loin pour trouver un de ces contre-exemples. Ce fut le cas de ma mère pendant longtemps. En fait, au moins durant les seize dernières années à travailler en tant que préposée aux bénéficiaires en CHSLD. Notamment, vous pouvez vous imaginer que les deux dernières années ont été particulièrement pénibles avec la pandémie.

Heureusement, le vent a tourné pour ma mère. Après avoir fait d’innombrables quarts de travail forcé en supplémentaires, de soir comme de nuit, d’avoir reçu une multitude de critiques de « proches aidants » qui n’aident pas vraiment, d’avoir littéralement reçu des coups physiques de résidents qui n’avaient plus toute leur tête, aujourd’hui sera officiellement son dernier quart de travail dans ce domaine.

Comment ça?

Vous vous rappelez sûrement que j’ai acheté sa maison en octobre dernier avec ma sœur pour la très modique somme de 80 000 $.

Eh bien, c’était suffisamment de F-you Money pour que ma mère ait le courage de faire le grand saut. Elle a enfin donné sa démission. Pour vrai là, ce n’est pas qu’une menace après tant d’autres. J’avais peine à y croire quand elle m’a annoncé la nouvelle!

Récemment, la gifle d’une résidente a été la gifle de trop et elle avait enfin les moyens de dire f*ck you, une bonne fois pour tout.

De plus, elle semble absolument sereine avec sa décision et elle a déjà plusieurs idées d’emplois potentiels pour la suite. En effet, elle n’a pas l’intention de prendre sa retraite pour autant à 57 ans. Toutefois, elle souhaite enfin se respecter et travailler dans des conditions décentes.

Je suis vraiment fière d’elle. C’était en fait un de mes motifs derrière l’achat de sa maison. En récupérant l’argent de la maison, je me disais que ça permettrait à ma mère d’aller chercher un peu plus de liberté, à l’aube de sa retraite. Si ça pouvait lui donner en plus le « luxe » de quitter son emploi qui la rendait si misérable, à la bonne heure!

Quoiqu’assez indirectement, je suis bien heureuse d’avoir joué un rôle dans sa décision. Je sais pertinemment que sans l’argent de la maison, elle aurait encaissé la gifle encore une énième fois, sans plus. Menacer de démissionner, sans le faire, encore une fois.

Maintenant, l’avenir s’annonce plutôt prometteur pour ma mère! 🙂

Vive le F-You Money

Bref, quel bonheur de constater les bienfaits de pouvoir se respecter en prenant des décisions pour notre bien-être, et non juste pour arriver à la fin du mois.

Et vous? Commencez-vous à avoir suffisamment d’argent de côté pour ressentir les délicieux effets du F-You Money?

Avez-vous récemment dit f*ck you à une personne ou une situation toxique que vous pouviez vous permettre de quitter? Ou bien avez-vous pu observer le phénomène chez quelqu’un d’autre, comme j’ai eu le privilège de le voir à l’œuvre chez ma mère?

N’hésitez pas à m’en faire part. Après tout, pourquoi cumulons-nous toutes ces richesses, si ce n’est pour reprendre le contrôle de notre temps et de notre vie? Il y a de quoi être fier!

Au plaisir!

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4 Comments

  1. J’ai bien aimé la lecture de ce billet. En effet, avoir un peu de blé de côté permet d’enlever du stress. J’ai beaucoup mieux vécu ma mise à pied à cause de la covid en 2020 parce que j’avais un certain pécule d’engrangé (quelques 100k$ 🙂 ). J’ai encaissé un peu de PCU et j’ai finalement trouvé un contrat après 4-5 mois.

  2. Ahahaha, j’adore le titre et le  »mind-set ».
    Je le fais régulièrement, sans avoir imaginer que cela avais un nom. J’ai la chance d’être à la retraite depuis l’âge de 43 ans (2018), avec un R.P.D indexé, et avec mes revenue de placements/dividendes, je touches plus que lorsque je travaillais (maintenant sans hypothèque, ni prêts quel qu’il soit).

    Le gros dilemme du matin, c’est:  » bon, je vais au gym/piscine ce matin et marche en pm, on l’inverse? »,  » Ah, un p’tit 2 semaines à punta cana pour 1500$ dans un 5*, why not coconut »….

    C’est vrai que c’est cool quand on y pense de pouvoir dire  »Fuck Y.. money »:-)

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