Catégorie : Étapes

Vivre de ses revenus passifs

Et voilà le cinquième et dernier billet sur les étapes vers l’indépendance financière. Il faut bien que tous ces efforts portent fruit ! Après avoir réduit nos dépenses, augmenté nos revenus, épargné la différence puis investi notre épargne, on arrive assurément quelque part, pas vrai?

Bien sûr, vous l’aurez compris, ce plan n’est pas un get-rich-quick scheme.  C’est un plan de longue haleine. On doit appliquer ces principes et maintenir une discipline sur plusieurs années. En revanche, ça représentera aussi plusieurs années en moins à être prisonnier du 9 à 5. Le jeu en vaut la chandelle, mais il faut s’armer de patience et garder le cap.

Éventuellement, votre épargne, le temps et la magie des intérêts composés feront leur œuvre. Un jour, vous atteindrez le montant qui vous permettra, selon la règle du 4 % (ou autre taux de retrait que vous aurez choisi), de couvrir vos dépenses annuelles. Vous n’aurez plus besoin de travailler pour subvenir à vos besoins.

Si vous continuez de travailler, ce sera parce que vous le désirez, et non parce que vous le devez.

Bye-bye, boss!

Personne ne gère cette étape vers l’indépendance financière et la retraite précoce de la même façon. Cependant, trois types de personnes sortent du lot :

  • Les pressés n’attendront pas d’atteindre leur chiffre magique à la cenne près. Ceux-ci remettront leur démission dès que possible. Ils trouveront des alternatives pour pallier au manque pour couvrir leurs dépenses. On pourrait même les appeler semi-retraités.
  • Les patients attendront d’atteindre leur chiffre magique pour s’assurer que toutes leurs dépenses soient couvertes. Ils n’auront plus à penser à travailler pour de l’argent. Plus jamais.
  • Les anxieux, eux,  seront plus craintifs de donner leur démission. Et si ça ne fonctionne pas? Et s’ils manquent d’argent? Et si une catastrophe déraille leur plan? Peut-être serait-il mieux de travailler une année de plus, au cas?

Êtes-vous capable de vous retrouver dans une de ces situations?

Peu importe l’attitude que vous aurez, ne perdez pas de vue toute la liberté que l’accumulation de richesse vous apportera.

On fait quoi en cas de catastrophe?

J’ai la conviction que si vous avez la débrouillardise, la discipline et la volonté d’atteindre la liberté financière, vous saurez jongler avec les aléas de la vie de jeune retraité. Cependant, pour les anxieux, il est important de mettre certains systèmes en place pour s’assurer que le plan fonctionne sans accroc.

On ne veut surtout pas d’une correction boursière immédiatement après avoir quitté son emploi. Malheureusement, ça peut arriver. Si votre portefeuille chute de 30 %, vous n’aurez techniquement plus l’équivalent de 25 fois vos dépenses annuelles. Votre pactole risque de s’écouler plus rapidement que prévu.

Il faut donc prévoir le coup avant de « tirer la plogue », puis savoir gérer la crise.

Des pistes de solutions

Alors pour les anxieux, voici quelques stratégies à considérer :

Comment prévenir la crise :

  • Choisir un taux de retrait plus « sécuritaire » que 4 %;
  • Revoir la composition du portefeuille (ratio actions/obligations);
  • Bâtir un fond d’urgence;
  • Construire un Yield Shield, qui implique de faire pivoter son portefeuille vers certains titres pour en retirer plus de dividendes pendant les premières années. Ainsi, les dividendes pourront couvrir une plus grande partie des dépenses annuelles et éviteront les ventes à perte pendant une correction boursière.

Comment gérer la crise :

  • Réduire ses dépenses autant que possible (le plus près de 4 % de la nouvelle valeur du portefeuille);
  • Travailler temporairement;
  • Passer la tempête dans un pays où le coût de la vie est moindre (ou comme le disent les auteurs de Millennial-Revolution : “If shit hits the fan, we’re going to Thailand”);
  • Éviter de vendre des actions à perte (sell low) et favoriser la vente d’obligations et le retrait de dividendes pour couvrir les dépenses.

Bien sûr, rien n’est jamais blanc ou noir. Il y a évidemment des opinions divergentes sur le sujet. Notamment, le planificateur financier et comptable fiscaliste Ed Rempel remet tous ces concepts conventionnels de la retraite en question dans cet article et offre des stratégies alternatives. 🙂

Si l’idée de donner votre démission et de vivre de vos investissements vous angoisse, même si les calculs sont bons, à vous de prévoir le coup et de vous assurer d’avoir l’esprit tranquille pour faire le grand saut!

En cas de panique, lisez ces paroles pleines de sagesse :

Chaque énigme a sa solution. C’est mathématique. Le tout est de la trouver.

– Capitaine Jean-Luc Picard

Les cadeaux de nos gouvernements

On a maintenant établi un plan à toute épreuve. Nos placements généreront des revenus suffisants pour couvrir nos dépenses pour toujours. Il y a aussi certaines choses intéressantes à ne pas négliger.

Peu importe votre âge à l’indépendance financière (et/ou retraite précoce), vous aurez accès à certains crédits d’impôt remboursables, à condition d’avoir des revenus imposables suffisamment bas.

En 2020, le maximum annuel qu’on peut obtenir du Crédit fédéral pour la TPS/TVH est de 443,00 $ et le maximum du Crédit provincial d’impôt pour solidarité est de 1 015,00 $. On parle donc d’un total de 1 458 $ par année. 

Pour générer soi-même ce montant en revenus passifs, ça représente 36 450 $ (1 458 $ x 25) en placements!

Ça ne veut pas dire de se fier là-dessus pour financer sa retraite, mais on peut le voir comme un « bonus » non négligeable.

On ne se fera pas de cachette, nos gouvernements sont très généreux. Ils sont particulièrement généreux avec les familles.

En tant que célibataire sans enfant, je ne suis pas la mieux placée pour exposer l’avantage qu’un faible revenu imposable peut avoir sur les différentes aides gouvernementales aux familles. Cependant, cet article détaillait bien comment l’auteur de Se payer en premier y tire son épingle du jeu.

Les régimes de retraite publics

Maintenant, les différentes sources de revenus auquel vous aurez droit à l’âge traditionnel de la retraite ne seront pas non plus à négliger. Je parle bien sûr du Régime de rentes du Québec (RRQ) et de la Pension de la sécurité de la vieillesse (PSV).

Il est difficile d’estimer à quoi ressemblera ces montants dans plusieurs années, voire décennies. Cependant, la RRQ offre la consultation de notre propre relevé de participation sur son site. Dans la section 3, on y retrouve le montant actuel mensuel. Ce montant représente une estimation de la rente de retraite que vous recevrez à l’âge indiqué, s’il n’y a pas d’autres revenus de travail qui s’ajoutent à ceux déjà inscrits d’ici là.

Le simulateur SimulR est également un outil fort intéressant qui permet de voir à quoi pourraient ressembler les sommes du RRQ et de la PSV aux différents âges possibles (60, 65 ou 70 ans).

En dollars de 2020, le montant mensuel maximum de PSV est de 614,14 $, ou 7 369,68 $ par année. À cela peut s’ajouter le Supplément du revenu garanti (SRV). Toute personne célibataire ayant moins de 18 624 $ en revenu annuel imposable peut aller chercher jusqu’à 917,29 $ de plus par mois, soit 11 007,48 $ par année.

Ainsi, oui, vos placements doivent financer votre retraite pour le restant de vos jours, mais dès l’âge de 60 ans (RRQ) ou 65 ans (PSV), vous aurez la possibilité d’avoir d’autres sources de revenus. À ce moment-là, vous pourriez réduire les retraits de vos placements, car vos dépenses seront maintenant couvertes en partie par ces revenus.

Si vous avez besoin de retirer 4 % de vos placements pendant seulement la moitié de votre retraite, cela favorise les chances que vos placements survivent à votre retraite précoce. 🙂

À moins qu’avec vos pensions, vous choisissiez de dépenser plus. 😉

Encore de l’optimisation fiscale

C’est notamment les différentes sources de revenus mentionnés précédemment qui rendent l’optimisation fiscale si pertinente dès les premiers décaissements.

L’étape du décaissement est un sujet excessivement complexe, qui requiert beaucoup de planification et qui n’a pas de one size fits all. Considérant que je n’ai pas encore atteint l’indépendance financière moi-même, je ne suis pas la mieux placée pour vous dire quoi faire. Cependant, je tiens à vous détailler certaines notions fiscales que je considère comme essentielles.

Dans mon article précédent, j’ai mentionné qu’il était fiscalement avantageux de choisir l’ordre de maximisation des comptes enregistrés. Il sera tout aussi judicieux de bien choisir l’ordre du décaissement, et ce, pour les mêmes raisons.

Puisez dans votre REER immédiatement

On pourrait être tenté de piger dès le départ dans notre beau gros CELI afin d’en retirer un revenu non imposable. Ce serait une erreur.

Si on ne veut pas se retrouver avec une grosse facture fiscale dans le futur, il faudra commencer à décaisser le REER (et/ou CRI) dès le départ. Gardons en tête que le RRQ et la PSV seront imposables. Si on décaisse le CELI dès le départ, on garde les comptes imposables (REER, CRI, compte non enregistré) pour plus tard. Ces comptes financeront la retraite en même temps que le RRQ et la PSV. On s’exposera alors à un taux marginal d’impôt plus élevé.

Également, le REER doit obligatoirement être transféré dans un Fonds enregistré de revenu de retraite (FERR) à 71 ans au plus tard et un retrait annuel minimum est alors établi en fonction de l’âge. À titre d’exemple, le taux de retrait minimum à 71 ans est de 5,28 % en 2020, donc bien au-delà de la règle du 4 %. Le même principe s’applique au CRI qui doit être transféré dans un Fonds de revenus viagers (FRV). Si vous n’avez jamais retiré de sommes de ces comptes avant ce moment-là, ils seront alors bien fournis et donneront d’importants revenus imposables, auxquels s’ajouteront les revenus du RRQ et de la PSV. Conséquemment, ces revenus seront tous imposables en même temps. La facture fiscale sera salée!

Mr Jack explique parfaitement bien ces notions, à l’aide d’exemple, dans son article Accumuler, décaisser, et payer des impôts (le moins possible).

Le livre Liberté 45 de Pierre-Yves McSween aborde également le sujet dans le chapitre 17 : La liberté fiscale (ou presque). Il appelle cela la « stratégie d’amortissement ou l’art d’étaler ses retraits d’un REER pour réduire son impôt »:

La plupart des gens commencent à décaisser leur REER (c’est-à-dire à retirer de l’argent de leur compte REER) à la retraite, donc en général autour de 65 ans.

Or, à partir de 65 ans, on peut avoir d’autres sources de revenus : Sécurité de la Vieillesse, Régime de rentes du Québec (RRQ, que l’ont peut aussi retarder à 70 ans pour augmenter la rente mensuelle), une partie du régime de retraite accumulé chez un employeur, etc. Donc, plus on retire un montant important de son REER par année, plus on risque de faire monter son taux d’imposition marginal et de perdre des liquidités disponibles nettes d’impôt.

Payez peu ou pas d’impôt

Ainsi, en étalant le retrait de ses REER, il y a moyen de payer presque 0 $ en impôt. En effet, nos généreux gouvernements prévoient un montant personnel d’exemption d’impôt. En 2020, les montants sont établis ainsi :

  • Fédéral : 13 229,00 $
  • Provincial : 15 532,00 $

Ceux-ci seront amenés à augmenter au fil des années. D’ailleurs, les montants futurs au fédéral sont déjà annoncés :

  • 2021 : 13 808 $
  • 2022 : 14 398 $
  • 2023 : 15 000 $

Ainsi, si on parvient à garder son revenu imposable sous le seuil du montant personnel d’exemption, on paye 0 $ d’impôt. Par le fait même, on maximise les crédits remboursables, les allocations familiales et on touchera éventuellement le SRV à l’âge de la pension! Que du positif, n’est-ce pas?

Bien sûr, si vous projetez avoir des dépenses annuelles plus élevées que les montants personnels d’exemptions, vous aurez un minimum d’impôt à payer. Vous pouvez faire des calculs avec ce simulateur et avoir une idée de votre taux marginal d’imposition en conséquence. Vous pourriez également retirer la balance de votre CELI.

De plus, pendant qu’on vide graduellement le REER et le CRI, le CELI continue à grossir. Plus tard, celui-ci deviendra notre principale source de revenus passifs. Ces revenus seront donc non-imposable, pour toujours. Très pratique quand vient le temps de recevoir le RRQ et la PSV.

La morale de cette histoire? Ne pas faire d’optimisation fiscale, c’est laisser de l’argent sur la table. Vous vous souvenez ce que je pense de laisser de l’argent sur la table, n’est-ce pas?

Mon plan

Premièrement, vous vous demandez sûrement quel est mon « chiffre ». C’est encore un work in progress, car je dois continuer de suivre mes dépenses sur plusieurs mois (même année), pour voir une vraie tendance.

Cependant, j’estime que je serais capable de couvrir mes dépenses essentielles à la retraite avec environ 10 000 $ en dollars d’aujourd’hui. À cela s’ajouteraient des voyages et des activités en tout genre. Je veux quand même faire quelque chose de ma retraite. 😉 J’envisage donc 15 000 $ en dépenses annuelles. Avec la règle du 4 %, j’obtiens 375 000 $ (15 000 $ * 25) comme chiffre magique.

Par contre, je dois considérer l’inflation (moyenne de 2 %) dans mon calcul. Mon objectif étant mes 35 ans, au plus tard, je dois prévoir jusqu’en 2026.

  • 2021 : 15 300 * 25 = 382 500 $
  • 2022 : 15 606 * 25 = 390 150 $
  • 2023 : 15 918 * 25 = 397 950 $
  • 2024 : 16 236 * 25 = 405 900 $
  • 2025 : 16 561 * 25 = 414 025 $
  • 2026 : 16 892 * 25 = 422 300 $
  • Donc en 2026 au plus tard, j’aurais besoin de 422 300 $ en placement pour couvrir 16 892 $ en dépenses annuelles.

    Par ailleurs, ce chiffre comprendra la valeur transférable de mon RRPD que j’encaisserai après avoir donné ma démission. J’estime cette valeur autour de 100 000 $ en 2026.

    C’est à ce moment-là que je devrai commencer à décaisser mes placements. Après des années à accumuler, ça risque de faire drôle!

    À ce moment-là, je considère appliquer certaines stratégies pour optimiser le décaissement. Les voici, dans le désordre :

    • Maximiser mon rendement au long terme avec une proportion d’actions élevées;
    • Utiliser la Bucket Strategy pour les premières années;
    • Décaisser mon REER et mon CRI prioritairement jusqu’au montant personnel d’exemption;
    • Optimiser les dépenses d’habitation avec l’arbitrage géographique;
    • Optimiser les dépenses de voyages avec le Travel Hacking.

    Voilà. C’est encore très brouillon. Je vais sûrement faire un billet entier sur le sujet, car certains points sont déjà plus élaborés que d’autres dans mon plan. Présentement, je m’informe beaucoup sur des stratégies alternatives comme celles d’Ed Rempel. Donc, rien n’est coulé dans le béton. J’ai encore 6 ans devant moi pour me préparer et élaborer un plan à toute épreuve.

    Advienne que pourra

    Dites-vous que la vie d’un travailleur n’est pas non plus sans embûche. S’il faut bien tirer une leçon de 2020, c’est que personne n’est à l’abri d’une mise à pied, d’un licenciement, d’une faillite ou, bien sûr, de la maladie. Bien des gens vivent des difficultés financières importantes et doivent jongler avec ces réalités et trouver des solutions.

    La vie du retraité précoce aura également son lot d’obstacles. Si le worst-case scenario, c’est de devoir se serrer la ceinture, partir en Thaïlande (voyez ce comparateur du coût de la vie entre Québec et Chiang Mai) ou de retourner travailler temporairement, il y a définitivement pire. Tout est une question de point de vue.

    La meilleure façon de s’assurer d’un avenir financier confortable sur plusieurs décennies, c’est d’avoir un plan solide et de revoir sa stratégie régulièrement.

    Notre espèce ne saura survivre que si nous avons des obstacles à surmonter.

    – Capitaine James T. Kirk

    Cela conclut donc ma série de billets sur les étapes vers l’indépendance financière. J’espère que ça vous a plu et que vous aurez appris quelque chose! L’idée étant de vous donner un maximum d’information pour vous donner envie de passer à l’action. 🙂

    J’ai déjà une multitude d’idées pour mes prochains billets, alors stay tuned!

    Investir son épargne

    Ah, l’investissement. Cette grosse bibitte épeurante. La cause d’innombrable cas de paralysie d’analyse.

    Il y a tellement d’information disponible sur l’investissement, qu’on pourrait croire qu’il est plus facile que jamais de s’y mettre. En fait, c’est plutôt le contraire. Il y a tellement d’information qu’on s’y perd. Surtout que l’information qu’on retrouve un peu partout peut être si contradictoire que plusieurs préféreront abandonner avant même d’avoir commencé.

    Vous vous reconnaissez là-dedans? Je suis passé par là. 

    Alors, par où commencer exactement?

    Cet article s’annonce plutôt lourd en liens et en références. Il y a énormément d’information à considérer sur le sujet et je ne veux pas vous ennuyer (ou vous faire peur) avec un article interminable. Plutôt que de remâcher de l’information, je préfère vous diriger vers d’excellentes ressources. 🙂

    Avertissement

    Tout d’abord, mettons certaines choses au clair. Je ne suis pas conseillère financière.  Je ne suis pas accréditée par la loi pour émettre des recommandations financières. Cet article ne fournira aucun conseil financier, mais fera état de mes opinions personnelles. Je tenterai seulement, au meilleur de mes connaissances, de vous exposer l’importance d’investir votre épargne dès que possible et de vous guider le plus simplement vers les meilleures ressources pour approfondir vos connaissances. Le but est de vous aider à éviter la paralysie d’analyse et de passer à l’action.

    L’intérêt composé : la huitième merveille

    Dans mon dernier billet, je reportais l’importance du rendement à plus tard. En début de processus d’épargne, il faut se concentrer sur la maximisation du taux d’épargne avant toute chose. C’est ce qui fait vraiment la différence pendant le début de la phase d’accumulation.

    Par la suite, le rendement deviendra progressivement votre meilleur ami.

    Une des meilleures métaphores que j’ai lue jusqu’à présent pour illustrer la puissance de l’intérêt composé se retrouve dans l’excellent livre Wealthing Like Rabbits de Robert R. Brown. Je ne recommanderai jamais assez ce livre sur les finances personnelles, truffées de références de culture générale (incluant Star Trek :)), et qui réussit à rendre le sujet vraiment accessible aux millénariaux.

    Dans ce livre, vous l’aurez peut-être deviné par son titre, l’intérêt composé est comparé à la reproduction… de lapins. Je vous offre ma traduction libre :

    Imaginez que vous êtes sur une superbe grande île. […] Maintenant, imaginez qu’un fermier décide qu’il serait amusant de faire la chasse aux lapins sur sa superbe grande île. Il obtient 24 lapins d’une terre étrangère et lointaine, qu’il libère sur sa superbe grande île. Par la suite, les lapins s’empressent de faire ce qu’ils font le mieux, à la moindre occasion.

    Voici ma question :

    Combien y aura-t-il de lapins, approximativement, sur la superbe grande île dans environ 60 ans?

    […]

    Croyez-vous possible qu’il y en ait 10 milliards? Oui, vous avez lu correctement. Dix milliards. Incroyable, n’est-ce pas?​

    Eh bien, l’intérêt composé, c’est comme ces petits lapins. L’argent que vous investirez fera du rendement, qui lui fera également du rendement, et ainsi de suite, de façon exponentielle. Le facteur le plus important qui joue en faveur de l’intérêt composé est le temps. Plus vous avez de temps pour investir, plus l’intérêt composé opérera. D’où l’importance de commencer dès que possible.

    Pour en savoir plus, outre la lecture de Wealthing Like Rabbits, allez jeter un coup d’oeil à ces articles :

    Ces articles procurent des exemples concrets, chiffres à l’appui, sur le pouvoir de l’intérêt composé. Assez pour donner envie d’investir tout de suite, je l’espère. 😉

    Le risque et le rendement

    Bien sûr, pour obtenir un rendement digne de la reproduction de lapins, il faut être prêt à vivre avec les soubresauts des marchés boursiers.

    Comme le dit la 62e règle d’acquisition : Plus de risques, plus de profit.

    Si vous tournez le dos au risque, vous tournez le dos à un rendement décent.

    Pour en apprendre plus sur le lien entre le risque et le rendement, je vous invite à regarder ces segments de L’indice McSween :

    Alors on en revient à plus de risques, plus de profit. Plus le rendement est élevé, plus l’intérêt composé opère sa magie exponentielle.

    Une autre belle règle à retenir pour vous aider à visualiser la puissance du rendement est la règle de 72. En divisant le nombre 72 par le rendement attendu, on obtient le nombre d’années nécessaires pour doubler la valeur d’un investissement. À titre d’exemple :

    • Un investissement initial ayant un rendement de 10 % prendra 7,2 ans à doubler.
    • En revanche, si on se contente d’un certificat de placement garanti (CPG) à 1 %, il prendra 72 ans à doubler.

    Le CPG est soudainement moins attirant, n’est-ce pas? 

    Notre ami Retraite 101 en a fait le sujet d’un article complet, que je vous recommande, si vous désirez en apprendre plus.

    Bref, comme le risque et le rendement sont étroitement liés, vous devez avoir une idée de votre tolérance au risque. Heureusement, plusieurs questionnaires en ligne sont disponibles pour vous aider à cibler ou vous vous situez. L’autorité des marchés financiers (AMF), notamment, offre un outil pour vous aider à déterminer votre profil d’investisseur.

    La composition du portefeuille

    Une fois qu’on a une petite idée de notre tolérance au risque, on peut se pencher sur la composition de notre portefeuille.

    Il y a deux classes principales de titres à considérer en placements boursiers : les actions et les obligations.

    • Les actions sont volatiles, relativement risquées (dépendamment de la diversification, bien sûr), mais offrent un bon rendement à long terme.
    • Les obligations, en revanche, assurent une certaine stabilité, au détriment du rendement.

    Ainsi, on peut moduler notre rendement et risque souhaité en jouant sur le ratio actions/obligations.

    Une « règle du pouce » assez commune consiste à avoir l’équivalent de son âge en pourcentage d’obligations et le reste en actions. Donc, quelqu’un âgé de 20 ans aurait 20 % d’obligations et 80 % d’actions. Une personne plus jeune peut se permettre plus de volatilité, car il a un horizon d’investissement beaucoup plus long que quelqu’un de 50 ans, par exemple. La personne de 50 ans devrait viser un ratio 50/50.

    Une autre règle plus agressive prévoit de soustraire son âge à 120 pour obtenir le pourcentage d’actions. Ainsi, la même personne de 20 ans pourra avoir un portefeuille composé uniquement d’actions, et celle de 50 ans en aura 70 %.

    Ce ne sont, bien sûr, que des règles du pouce. La composition de votre portefeuille revient encore une fois à votre tolérance au risque. Un investisseur de 70 ans plutôt cowboy pourrait opter pour un portefeuille à 100 % d’actions, comme un jeune de 20 ans (un peu trop) prudent pourrait préférer mettre ses économies dans un CPG. Chacun sa tolérance.

    Cependant, j’ai la certitude que l’aversion au risque, ça se soigne à grand coup d’éducation financière. 😉

    REER ou CELI?

    C’est le genre de questions qui revient très souvent. N’importe qui s’intéressant moindrement à la retraite considérera le Régime enregistré d’épargne-retraite (REER). Pour plus de détails sur ce compte enregistré, allez voir l’article complet de FIRE Habits.

    Cependant, la plupart des gens ne savent même pas qu’il est possible d’investir dans un Compte d’épargne libre d’impôt (CELI). Avec un tel nom, les gens semblent présumer que ce n’est que ça : un vulgaire compte d’épargne à 0,10 % d’intérêts. Le gouvernement ne se presse pas de corriger les fausses croyances, car le CELI est, dans les mots de Pierre-Yves McSween, une arme de destruction fiscale massive. 

    En effet, toute somme en provenance d’un CELI est libre d’impôt. Si une partie de  vos revenus passifs pour la retraite est non-imposable, c’est moins d’argent pour le gouvernement et plus d’argent dans vos poches. Pour plus de détails sur ce véritable cadeau fiscal, je vous invite à aller jeter un œil sur l’article exhaustif de l’Investisseur caféiné.

    Alors, sachant ceci, REER ou CELI?

    Vous allez peut-être me trouver plate, mais…

    Les deux.

    Peu importe le montant que vous avez établi pour couvrir vos dépenses à la retraite selon la règle du 4 % (25 fois vos dépenses), je me doute que c’est au minimum dans les quelques centaines de milliers de dollars.

    Avec ce genre de somme, vous devrez épargner beaucoup. Et bien que le REER et le CELI soient de véritables cadeaux fiscaux, toute bonne chose à une fin. Il y a bien sûr un maximum de contributions prévu pour chaque compte. Vous pouvez obtenir votre montant personnel maximum pour chaque compte dans la section Mon dossier de l’ARC.

    Sachant cela, l’accumulation de notre pactole passera nécessairement par la maximisation de ces deux comptes enregistrés. Une fois accompli, on passe aux comptes non-enregistrés.

    Toutefois, il y a tout de même un ordre préférable à suivre :

    • Il est plus avantageux de se concentrer sur le CELI quand on fait un plus petit revenu et qu’on paye moins d’impôt. Alors la règle du pouce ici serait de concentrer son épargne dans le CELI, et une fois celui-ci maximisé, on passe au REER.
    • À l’inverse, il est plus avantageux de se concentrer sur le REER quand on fait déjà un salaire avec un taux d’imposition plus élevé. Cela permet de réduire sa facture fiscale. Une fois le REER maximisé, on passe au CELI. 

    Mais retenez que pour atteindre l’indépendance financière, les deux comptes seront inévitablement maximisés. Pas besoin de chercher de midi à quatorze heures lequel est préférable.

    Battre le marché : un mythe

    Vous vous dites peut-être que vous ne savez pas dans quoi investir, alors il serait mieux de laisser un gestionnaire de portefeuille faire cette tâche ingrate. En plus, comme ce sont des professionnels, ils pourront vous apporter un rendement supérieur au marché, pas vrai?

    Vous savez combien de gestionnaires de portefeuille parviennent à surpasser le rendement du marché boursier grâce à leurs prouesses d’achats et de ventes de titres?

    11%.

    Vous comprenez, comme moi, que le 89 % échoue. Et ce sont des professionnels! Comment sommes-nous censés faire mieux?

    Rendu là, est-ce vraiment du talent, ou de la chance? Et ces gestionnaires de portefeuille oseront vous charger des frais de gestion exorbitants pour leurs résultats décevants! Même si votre rendement est négatif! Les voleurs! 

    Alors, pourquoi ne pas se contenter du rendement du marché, au lieu d’essayer de le battre?

    Regarder le rendement du S&P 500 (indice basé sur les 500 plus grandes entreprises américaines). Ou bien celui du S&P/TSX (indice basé sur les 60 plus grandes entreprises inscrites à la bourse de Toronto).

    C’est pas mauvais du tout, hein? Bon an, mal an, une chose est certaine : la tendance à long terme est nettement à la hausse. Ça tombe bien, notre horizon d’investissement est à long terme aussi!

    Sachant cela, n’est-il pas génial d’apprendre qu’il existe des fonds indiciels (qui détiennent les mêmes titres qu’un indice), qui ont pour objectif de répliquer ces rendements. Et comme c’est banalement passif comme méthode d’investissement, les frais sont plus bas que les fonds à gestion active. Fantastique, n’est-ce pas?

    Essayer de battre le marché, c’est vain et onéreux (n’est-ce pas ironique?). À la place, possédez le marché. Optez pour des fonds indiciels à faibles coûts.

    Vous vous demandez quels fonds indiciels choisir? Vous pouvez vous inspirer des modèles de portefeuille de fonds indiciels très simples présentés par l’excellent site web Canadian Couch Potato. Le défunt blog 99 jours explorait d’ailleurs en détail un des modèles de l’époque de Canadian Couch Potato dans son article sur le portefeuille d’investissement minimaliste. Bien que datant de 2017, je trouve l’article toujours pertinent à ce jour. An oldie, but a goodie, quoi.

    Mes premiers investissements

    Mes premiers investissements remontent à 2014. C’était mon employeur de l’époque qui nous incitait à cotiser au REER des fonds de travailleurs de FTQ et Fondaction, en plus d’un de leurs propres fonds communs. Je ne connaissais rien sur l’investissement à l’époque, mais la maigre retenue à la source nécessaire pour générer de juteux remboursements d’impôts a suffi pour me faire signer en bas de la page.

    Par la suite, j’ai commencé à m’intéresser aux finances personnelles et à lire (obsessivement) sur le sujet en 2017. J’étais bombardé d’information sur l’importance d’investir le plus tôt possible. Je comprenais que je devais tirer profit de l’intérêt composé sur les prochaines décennies, mais je n’y voyais pas clair sur le comment. Je lisais un peu partout sur les fonds indiciels, les FNB, les actions et les obligations, mais j’en perdais mon latin.

    Après la lecture de Millionaire Teacher de Andrew Hallam, j’ai finalement pu faire le saut. Il a réussi à rendre l’investissement accessible pour moi. Car bien qu’il ventait les vertus d’investir soi-même dans des FNB indiciels via un courtier en ligne, il reconnaissait également que Tangerine offrait des fonds de placement abordables  et accessibles. Comme j’avais déjà la majorité de mes produits financiers chez Tangerine, ce n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde. 

    J’ai donc ouvert un REER peu de temps après, dans lequel j’ai commencé à investir par prélèvement automatique dans leur fond le plus audacieux (100 % actions). Du haut de mes 26 ans et bénéficiant d’un régime de retraite à prestations déterminées (RRPD), je voulais le portefeuille le plus agressif possible.

    Par la suite, j’ai poursuivi mon apprentissage et j’ai gagné en confiance. À peine quelques semaines plus tard, j’ai décidé d’investir un peu dans un REER de Wealthsimple, par curiosité. Leurs frais étaient moins élevés que Tangerine (0,50 % vs 1,07 %), par contre ils n’avaient pas de portefeuille uniquement composé d’actions. À l’époque, de mémoire, le plus agressif qu’ils offraient était 80/20. 

    C’est environ un an après que j’ai décidé d’ouvrir un compte chez le courtier en ligne Questrade. J’ai pu commencer à investir dans des FNB indiciels par-ci, par-là, avec quelques milliers de dollars. J’apprivoisais la bête.

    C’est réellement en novembre 2018 que j’ai dû prendre l’investissement do it yourself au sérieux.  Quelques mois plus tôt, après avoir changé d’employeur, j’avais choisi de transférer la valeur de mon RRPD chez Questrade. Une partie (environ 29 000 $) devait aller dans un compte de retraite immobilité (CRI) et l’excédent (environ 13 000 $) irait dans mon REER. 

    J’avais l’impression d’avoir soudainement une fortune à investir moi-même. J’ai donc perfectionné encore plus mes connaissances pour choisir soigneusement comment investir mon pactole.

    Depuis, j’ai rapatrié tous mes petits REER orphelins chez Questrade, à l’exception des fonds de travailleurs. Ceux-ci ne sont pas réputés pour être faciles à retirer, disons-le. J’ai également commencé à investir dans un CELI, maintenant que mon REER est maximisé (l’excédent du RRPD y étant pour beaucoup). Une fois le CELI maximisé, je devrai ouvrir un compte non-enregistré, également offert par Questrade. Mais ce n’est pas pour tout de suite, il me reste encore 49 000 $ de contributions à rattraper. 😉 

    Mon portefeuille actuel

    J’ai eu différentes stratégies pendant mes quelques années en tant qu’investisseuse, mais suite à des changements en juillet dernier, mon portefeuille est présentement composé de 94 % actions (XEQT) et 6 % obligations (ZAG). C’est plutôt simple, à la limite plate, comme portefeuille, mais ça répond à mes besoins. Côté frais, on parle d’environ 0,19 %. On est donc très loin des fonds communs de placement des grosses banques. 🙂 

    Pourquoi 94/6? Parce que c’était en fait 90/10, mais pendant les petits hoquets de la bourse en septembre et en octobre, j’ai vendu un peu d’obligations pour acheter des actions au rabais. 🙂

    Ultimement, j’envisage de vendre la totalité de mes obligations pour avoir un portefeuille uniquement composé d’actions pour ainsi maximiser mon rendement pendant la phase d’accumulation. Je joue avec l’idée pour l’instant. Les prochains soubresauts boursiers me convaincront peut-être de passer à l’action, qui sait!

    Quelle plateforme utiliser

    Vous aurez compris que je fais tous mes investissements via Questrade désormais.  Si vous êtes intéressés à y ouvrir un compte, n’hésitez pas à utiliser ma QPass Key 665709686438830 et nous obtiendrons tous les deux 25 $.

    Toutefois, il y a une multitude d’autres options s’offrant à vous. Si vous préférez demander l’aide d’un professionnel pour vous y retrouver, libre à vous! Cependant, assurez-vous que le professionnel en question est bien là pour vous conseiller, et non pour vous vendre des placements qui seront plus profitables à lui qu’à vous. Peut-être que nos amis de La vérité sur vos finances pourraient vous guider lors d’une consultation sans frais.

    Si vous préférez l’approche do it yourself, alors laissez Pierre-Yves McSween vous instruire sur les robo-conseillers et sur les courtiers en ligne. 

    Et comme il y en a des tonnes, la compagnie québécoise Hardbacon offre d’excellents comparateurs, autant pour les robo-conseillers que pour les courtiers en ligne, qui pourrait possiblement vous aider à arrêter votre choix. Notre ami le Jeune Retraité pourrait peut-être aussi vous aider avec son article Comment bâtir un portefeuille de FNB.

    Gardez en tête qu’il est toujours préférable d’arrêter votre choix sur le courtier en ligne ou le robo-conseillers qui charge le moins de frais possible. Sur un portefeuille de centaines de milliers de dollars, 1 % peut faire une énorme différence. Ce calculateur de l’AMF permet d’ailleurs de constater l’impact que peuvent avoir ces frais sur vos investissements. Ne laissez pas la banque manger votre rendement.

    Une autre alternative pertinente pour les gens qui veulent commencer à apprivoiser l’investissement, sans trop se casser la tête : les fonds d’investissement de Tangerine. Les frais de gestion sont un peu élevés (1,07 %) comparativement à des courtiers en ligne ou des robo-conseillers, mais raisonnables en comparaison aux fonds communs de placement des grosses banques (2 % et plus).

    Personnellement, je trouve que c’est une belle façon de se lancer à l’eau sans avoir à prendre 1 001 décisions dès le départ. Tangerine garde ça plutôt simple avec seulement 5 fonds indiciels différents, adaptés selon la tolérance au risque du client (qui est évaluée par un questionnaire à l’ouverture du compte), et qui se rééquilibrent tout seul. Automatisez vos prélèvements et n’y repensez plus!

    Si vous n’avez pas déjà un compte chez Tangerine et que vous êtes intéressés à en ouvrir un, n’hésitez pas à utiliser ma clé orange 45955399S1 et nous obtiendrons tous les deux 50 $.

    C’est comme ça que j’ai commencé à investir, et je suis vraiment reconnaissante d’avoir eu cette option clé en main quand tout le reste me semblait impossible. Ça m’a donné l’opportunité de faire travailler mes petites économies pendant que je ne me sentais pas encore prête pour les autres alternatives plus complexes.

    Le présent ne revient jamais

    Rappelez-vous que le meilleur moment pour commencer à investir était hier, le deuxième meilleur moment est aujourd’hui, et le pire des moments c’est d’attendre demain. Peu importe l’avenue que vous choisissez, commencez à investir maintenant.

    C’est le présent qui compte. C’est toujours le moment le plus précieux qui soit. Le présent ne revient jamais.

    – Capitaine Jean-Luc Picard

    Le pire qu’il peut vous arrivez, c’est de tomber dans la paralysie d’analyse et de ne rien faire. C’est terrifiant d’avoir à prendre de nombreuses décisions sur un sujet qu’on connaît à peine. J’en suis très consciente. Je ne peux que vous répéter que l’important, c’est de commencer. Prenez l’option qui vous semble le plus simple pour commencer, poursuivez votre éducation sur le sujet au besoin, puis rajuster le tir. Ou gardez ça simple pour toujours. Ça ne peut pas être pire que de laisser votre argent sous le matelas. 🙂

    Merci d’avoir lu mon article qui s’est tout de même avéré interminable. Que voulez-vous, c’est un sujet qui me passionne. 🙂

    N’hésitez surtout pas à me laisser un commentaire suite à votre lecture. C’est avec plaisir que je vous lirai et vous répondrai, surtout si vous vous sentez perdu et que vous aimeriez échanger. Si vous préférez un peu plus de discrétion pour parler d’investissement, vous pouvez m’écrire directement sur ma page Contact ou par Messenger via ma page Facebook.

    À la semaine prochaine!

    Épargner la différence

    Enfin, on entre dans le vif du sujet.

    C’est bien beau d’avoir réduit ses dépenses et augmenter ses revenus, mais on fait quoi avec la différence à la fin du mois?

    Bien qu’il soit pratiquement honteux d’épargner au Québec, il est essentiel d’en parler (et de le pratiquer) si on aspire un jour à l’indépendance financière. Il faut arrêter de faire du saving shaming, pour reprendre l’expression de Pierre-Yves McSween.

    Y faut se gâter dans la vie! J’ai l’doua!

    Si vous êtes comme certaines personnes de mon entourage, alors vous avez bien de la difficulté à garder un seul dollar à la fin du mois, sans le dépenser. Ces personnes justifient constamment ces dépenses pour le compte d’une « gâterie » ou d’un « petit cadeau » qu’ils se font à eux-mêmes (un p’tit latte?).

    Je ne sais pas pour vous, mais une dépense superflue qui revient chaque semaine (ou même chaque jour), ce n’est plus une gâterie, mais bien une (mauvaise) habitude.

    Il faut briser ce cycle. C’est avec une mentalité comme ça qu’on se retrouve dépendant d’un emploi jusqu’à 65 ans (et plus), avec la RRQ et la PSV comme unique revenu à la retraite.

    Ce que vous devez comprendre, c’est que seulement quelques pourcentages d’épargne peuvent représenter des années de dur labeur en moins!

    Vous connaissez Monsieur Money Moustache? Difficile de parler d’indépendance financière et de retraite précoce sans le mentionner. Il a pris sa retraite à 30 ans et a été un des premiers blogueurs importants sur le sujet.

    S’il y a bien un de ces articles qui mérite d’être mentionné ici, c’est son article sur Le calcul incroyablement simple pour prendre votre retraite anticipée.

    Dans cet article, il présente un tableau (incroyablement) simple qui prévoit le temps restant avant l’indépendance financière en fonction du taux d’épargne.

    Son tableau se base sur :

    • Un rendement après inflation de 5 % pendant la phase d’accumulation;
    • Un taux de retrait de 4 % pendant le décaissement.

    Vous pouvez également vous amuser avec ce calculateur en ligne, sur lequel Monsieur Money Moustache a basé son tableau.

    Allez-y, voyez combien de temps il vous reste à travailler.

    La méthode de calcul

    Peut-être vous demandez-vous comment calculer ce fameux taux d’épargne?

    J’aime garder ça simple. Premièrement, considérez quel montant vous arrivez à mettre de côté sur chaque paye.

    Si le montant est de zéro, alors le calcul ne sera pas difficile. À moins d’avoir un régime de retraite offert par votre employeur, cela veut dire que vous devrez travailler pour toujours, ou vous contenter de la RRQ et la PSV pour subvenir à vos besoins à la retraite.

    Ensuite, prenez votre revenu net, c’est-à-dire après impôt. Il s’agit donc du montant déposé dans votre compte chaque semaine ou deux semaines par votre employeur. Bien sûr, pour les travailleurs autonomes, ça peut être plus compliqué. Dans ce cas-ci, il serait sage de calculer une moyenne.

    Ensuite, appliquez la simple règle mathématique suivante :

    (Somme épargné / revenu net) * 100

    Certains aiment considérer le remboursement de dettes comme étant de l’épargne (forcée). Assurément, cela gonfle le taux d’épargne (et donne possiblement bonne conscience). À mon avis, ça ne donne pas quelque chose de représentatif, car cette « épargne » ne sera pas une source de revenus passifs à la retraite. Je comprends que cela augmente la valeur nette, mais pas les placements.

    Alors, si on garde les choses simples avec la formule ci-haut, quelqu’un qui reçoit 1 500 $ par deux semaines et en met 300 $ de côté a un taux d’épargne de 20 %. Il lui reste 1 200 $ pour ses dépenses jusqu’à la prochaine paye.

    Selon le calculateur mentionné précédemment (ou le tableau de Monsieur Money Moustache), quelqu’un qui part de zéro et commence à épargner 20 % de son salaire net devra travailler 37 ans avant d’atteindre l’indépendance financière. Ainsi, si cette personne a 18 ans, elle peut s’attendre à pouvoir prendre sa retraite à 55 ans. On parle déjà de retraite précoce à cet âge!

    En revanche, si cette même personne parvenait à épargner 30 %, soit 150 $ de plus par deux semaines, elle n’aurait qu’à travailler 28 ans, soit 9 ans en moins!

    9 ans!

    Cette personne serait libre financièrement à 46 ans.

    Finalement, ça vaut peut-être la peine de changer de forfait de cellulaire.

    La puissance du taux d’épargne

    Dans l’atteinte de l’indépendance financière, votre meilleur allié sera initialement votre taux d’épargne.

    Avant de lire ce billet, vous pensiez peut-être que ce qui importait, c’était le rendement sur vos investissements. Bien que non négligeable, on n’en ressent malheureusement pas les effets dès le début du parcours. C’est plus tard dans le processus que le rendement a un rôle essentiel.

    Il faut comprendre que le rendement importe peu quand on commence tout juste à épargner. Faire 10 % sur 0 $, c’est 0 $. Alors il faut concentrer nos efforts ailleurs, c’est-à-dire sur le taux d’épargne.

    À titre d’exemple, ma sœur s’est mise à épargner et investir sérieusement cette année (faut croire que j’ai une certaine influence!). Bien qu’à près de 30 000 $ en placements déjà, elle n’y voit que très peu d’impact relié au rendement. En effet, même si elle obtenait un rendement de 10 %, on parlerait alors que de 3 000 $ de gain. Bien qu’agréable de réaliser qu’on fait 3 000 $ sans travailler, ce n’est pas le rendement qui fait augmenter rapidement ses économies.

    Dans son cas, ce qui fait vraiment la différence, c’est les 60 % et plus qu’elle épargne de son revenu net. À la fin de l’année, ses placements augmentent de 20 000-30 000 $ grâce aux efforts qu’elle met à épargner.

    En revanche, quand ma sœur aura atteint 200 000 $ en placement et que son rendement de 10 % lui procurera 20 000 $ en gain, alors on pourra parler de la puissance du rendement. 🙂

    La réalité québécoise

    En novembre 2019, on apprenait que le taux d’épargne des Québécois touchait son niveau le plus élevé depuis 23 ans. Ce qu’on était fier de constater que les Québécois n’avaient « jamais autant mis de côté. » (source)

    Wow! Les Québécois reprennent leurs finances personnelles en main! Et quel est ce fameux taux d’épargne digne d’un tour de force?

    6,2 %.

    Quelqu’un qui part de zéro, avec un tel taux d’épargne, peut s’attendre à travailler plus de 60 ans avant d’atteindre l’indépendance financière.

    Ouch.

    En revanche, 2020 nous a livré bien des rebondissements. Contre toute attente, le taux d’épargne enregistré d’avril à juin 2020 par l’Institut de la statistique du Québec atteint des sommets inégalés depuis au moins 40 ans. En effet, les Québécois ont réussi à économiser près de 35 % de leurs revenus nets en pleine crise.

    Alors là, tu parles! Un taux d’épargne de 35 % représente 25 ans de travail avant d’atteindre l’indépendance financière. Imaginez si ça devenait la norme. La retraite précoce serait alors monnaie courante. 😉

    Toutefois, ce taux d’épargne record s’explique majoritairement par les reports de paiement sur les hypothèques et les autres dettes. Ainsi, à la reprise du remboursement de ces dettes, le taux d’épargne redescendra à la « normale » pré-pandémie.

    Espérons simplement que les Québécois auront pris goût à l’épargne.

    Mon épargne

    Je n’ai pas toujours été très consciencieuse dans mon épargne. Avant 2017, mon épargne volontaire (c’est-à-dire excluant les cotisations à un REER ou au fond de pension d’un employeur) s’établissait à 0 %. Je n’avais pas de REER individuel. Le CELI que j’avais, j’y faisais des retraits au fur et à mesure.

    Par la suite, j’ai commencé à épargner petit à petit. Je n’ai pas toujours pris en note ce que j’épargnais, mais mes relevés me permettent de faire des estimations. Je peux dire que mon taux d’épargne en 2019 tournait autour de 27 %. Pour 2020, j’estime pouvoir terminer l’année autour de 51 %. Dorénavant, je prends tout (tout, tout) en note, alors je devrais être en mesure de vous donner l’heure juste lors de mes futurs bilans annuels. 🙂

    Pour quelqu’un qui part de zéro, 51 % d’épargne, c’est environ 17 ans de travail avant d’atteindre l’indépendance financière. Si on commence suffisamment jeune, vous comprenez que la retraite précoce est inévitable. 😉

    Dans mon cas, avec déjà 100 000 $ et plus en investissement, on parle plutôt de 10 ans de travail avant l’atteinte de mes objectifs. Bye-bye boss à 39 ans, pas si mal!

    Cependant, mon calcul de taux d’épargne ne prend pas en considération mon régime de retraite à prestations déterminées (RRPD). C’est toutefois un facteur non négligeable. Présentement, ma contribution à mon RRPD représente 8,4 % de mon salaire brut. À cela s’ajoutent les contributions de mon employeur.

    Au moment de quitter mon emploi pour la retraite précoce, je compte prendre le remboursement de la valeur de la rente et l’investir moi-même dans un compte de retraite immobilisé (CRI). Mon régime prévoit que la prestation minimale en cas de remboursement de la valeur de la rente est 175 % des cotisations salariales de l’employé avec les intérêts cumulés. Cette forme d’épargne « forcée » accélère substantiellement l’atteinte de mes objectifs.

    Finalement, j’estime pouvoir épargner au minimum 60 % de mon revenu net dans les années à venir, une fois ma voiture complètement remboursée. Sans oublier que mon salaire devrait continuer à augmenter chaque année!

    Ainsi, considérant les sommes que j’ai déjà investies, mon RRPD et un taux d’épargne futur de 60 %, j’estime réellement 6 ans avant l’indépendance financière. On parle donc d’une retraite précoce à l’âge vénérable de 35 ans! 😉

    L’indépendance financière vous guette

    Vous comprenez ce que je veux dire par la puissance de l’épargne? L’indépendance financière vous attend au détour! À chaque pourcentage d’épargne en plus, vous réduisez le temps qu’il vous reste sur le marché du travail! L’expression « le temps c’est de l’argent » prend tout son sens, n’est-ce pas? Quand 150 $ chaque deux semaines représente 9 ans de plus ou de moins à travailler, ça fait réfléchir.

    Le meilleur truc pour faciliter l’augmentation du taux d’épargne? L’automatisation. Faites-vous des virements pré-autorisés à chaque jour de paye pour le pourcentage d’épargne que vous visez. Ensuite, vous dépensez seulement ce qu’il reste. C’est ce qu’on appelle « se payer en premier ».

    Avez-vous fait vos calculs? Êtes-vous plus près de l’objectif que vous le pensiez? L’indépendance financière est possible. N’en doutez pas.

    Rien ne peut être impossible quand on veut.

    – Capitaine Jean-Luc Picard

    Et on fait quoi avec nos économies?

    Mon prochain billet portera sur l’investissement de notre épargne. On peut épargner tout l’argent qu’on voudra, mais si on ne fait que le cacher sous le matelas (bref, l’équivalent de le mettre dans un CPG), alors la retraite précoce ne sera pas possible. Car sans rendement sur notre argent, notre pactole sera réduit à néant bien avant notre décès. Une fois qu’on arrête de travailler, notre argent doit travailler pour nous.

    Je sais pertinemment qu’investir en bourse, ça peut être terrifiant. Je tâcherai donc de rendre le sujet le plus accessible possible. Quiconque néglige d’investir son épargne laisse (beaucoup!) d’argent sur la table.

    Et je n’aime pas qu’on laisse de l’argent sur la table.

    Augmenter ses revenus

    Comment s’est passée votre semaine? Après la lecture de mon dernier billet, avez-vous commencé une réflexion sur votre niveau de dépense? Avez-vous commencé à prendre en note chaque dépense? Avez-vous fait quelques téléphones pour obtenir de meilleurs prix? Je suis bien curieuse de votre cheminement!

    Une fois qu’on a bien compris l’importance de la réduction des dépenses, il devient maintenant pertinent de penser à augmenter ses revenus. Car aussitôt nos dépenses optimisées, les revenus supplémentaires ne feront qu’agrandir notre marge de manœuvre, et donc, notre capacité d’épargne!

    Bien sûr, cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas épargner à un salaire plus modeste. Je le répète : tout commence par la réduction des dépenses.

    Mes revenus

    À titre d’exemple, voici mon revenu annuel à la fin de chacune de mes années sur le marché du travail (information obtenue auprès de l’ARC). Cela inclut l’époque du travail à temps partiel, pendant mes études (2009-2014), jusqu’à maintenant :

    2009 6 442 $
    2010 15 790 $
    2011 27 927 $
    2012 26 077 $
    2013 27 264 $
    2014 43 156 $
    2015 52 570 $
    2016 58 345 $
    2017 59 369 $
    2018 59 958 $
    2019 63 288 $
    2020 (estimation) 77 640 $

     

    Entre l’obtention de mon DEC au printemps 2010 et le début de mon baccalauréat à l’automne 2011, j’ai pris une année sabbatique pour mettre de l’argent de côté. Résultat : plus de 10 000 $ d’épargne. Vous remarquerez que malgré un faible revenu, cela représente une capacité d’épargne importante. J’y suis parvenu en « vivant en pauvre », comme je disais à l’époque.

    De plus, vous remarquerez qu’en considérant mes 12 ans sur le marché du travail, mon salaire annuel moyen se chiffre à 43 152 $, ce qui est encore en dessous du salaire moyen au Québec. Or, en date du jour, j’ai tout de même au-dessus de 100 000 $ en placements. Bien qu’une partie est le résultat de rendement, j’ai calculé qu’environ 70 000 $ provient de mes poches. Alors, comme quoi la capacité d’épargne ne dépend pas uniquement du salaire.

    Dans mon billet précédent, j’ai fait mention des gens dépensiers qui augmentent leurs dépenses au même rythme que leurs revenus, perpétuant ainsi l’absence de marge de manœuvre. C’est ce qu’il faut éviter à tout prix. Alors, oui, augmenter ses revenus peut être un atout très puissant dans l’atteinte de nos objectifs, mais uniquement quand on est capable de résister à l’augmentation du train de vie, ou lifestyle inflation. Sinon, c’est un coup d’épée dans l’eau.

    Comment s’y prendre

    Augmenter ses revenus, c’est plus facile à dire qu’à faire, me direz-vous. En effet, c’est beau sur papier. Mais comment? Comme toute chose, ça prend du travail, de la détermination et même du courage.

    Voici quelques exemples de comment s’y prendre pour aller chercher plus de revenus, dans le but de vous dégager plus de marge de manœuvre pour l’épargne.

    • Demander une augmentation de salaire;
    • Obtenir une promotion;
    • Changer d’employeur;
    • Obtenir un deuxième emploi;
    • Faire des heures supplémentaires;
    • Vendre des biens;
    • Démarrer sa propre entreprise;
    • Répondre à des sondages payants (notamment via Swagbucks);
    • Devenir client mystère;
    • Louer une chambre de votre résidence;
    • Participer à des études cliniques;
    • Etc.

    Avez-vous déjà appliqué une de ces stratégies? Bien sûr, je ne vous dis pas de tous les appliquer. Ce qu’il faut garder en tête, c’est que chaque geste compte.

    Comment j’ai augmenté mes revenus

    Comme vous avez pu le constater à la lecture du détail de mes revenus exposé précédemment, mon revenu a constamment augmenté au fil des années.

    Les grosses variations s’expliquent surtout par des changements d’employeurs. En effet, en 2014, après quatre ans pour la même entreprise, j’ai fait le saut pour la concurrence qui offrait un meilleur salaire.

    Après quatre ans à stagner chez cet employeur, sans espoir d’avancement à l’horizon (environnement syndiqué oblige), j’ai refait le saut en 2018. À ce moment-là, je le faisais pour un salaire équivalent, mais les perspectives d’avancement à court terme étaient excellentes. Ça s’est d’ailleurs concrétisé seulement 9 mois plus tard. L’augmentation de 2019 s’explique donc par une promotion. L’augmentation de 2020, quant à elle, s’explique par une augmentation de salaire, simplement parce que je l’ai demandé.

    Mon parcours m’amène à faire deux constats. Le premier étant :

    1. La réponse à une question qu’on ne pose pas est toujours non. Allez la demander, l’augmentation de salaire ou la promotion que vous croyez mériter! Vous pourriez être surpris. Qui ne serait pas content d’avoir de l’argent de plus dans ses poches pour le même travail ou le même nombre d’heures? Le pire qu’il peut arriver, c’est de se faire dire non. Et si c’est le cas, eh bien, cela pourrait vous amener à réfléchir à votre avenir chez cet employeur. Idem pour ceux dans un environnement syndiqué qui ont peu ou pas de perspective d’avancement. Ce qui m’amène au deuxième constat :
    2. Généralement, la fidélité ne profite qu’à l’employeur. Si vous êtes insatisfait de votre cheminement au sein d’une entreprise ou vous ne vous sentez pas apprécié ou rémunéré à votre juste valeur, allez voir ailleurs! À nouveau, vous pourriez être surpris de ce que la compétition est prête à offrir pour vous avoir.

    Outre ces changements majeurs, je fais toujours savoir à mes patrons que je suis ouverte à faire des heures supplémentaires. Ce n’est pas toujours quelque chose de possible, mais quand l’opportunité est là, je la saisis. Travailler à temps et demi? Oh que oui!

    Je fais également des sondages rémunérés sur le site Swagbucks depuis 2018, par temps perdu. Ce n’est pas la mer à boire, mais j’ai tout de même cumulé plus de 1 600 $ en carte cadeau Amazon depuis. Mine de rien, c’est 1 600 $ que je n’ai pas eu à puiser de mes revenus d’emploi. 🙂

    Considérant que je suis célibataire sans enfant, ce n’est pas le temps libre qui manque. Ainsi, je pourrais très bien me trouver un second emploi pour augmenter encore plus mes revenus. Les options ne manquent pas dans la pénurie de main d’œuvre que nous vivons actuellement. Ça pourrait être aussi simple que de mettre ma voiture à profit et d’aller livrer de la nourriture via UberEats ou Doordash.

    Je suis consciente de mes options. Cependant, c’est parfois difficile de choisir de travailler plus, plutôt que de tricoter devant un épisode de Star Trek. 🙂

    C’est une question de choix. 😉

    À ne pas négliger : l’optimisation fiscale

    Augmenter ses revenus bruts, c’est bien, mais augmenter ses revenus nets, c’est mieux. Personne ne veut voir ses revenus supplémentaires disparaître en fumée au profit de l’impôt. Combien de fois avons-nous entendu un collègue refuser de faire des heures supplémentaires, car « de toute façon, je vais tout me le faire manger en impôt »? Tant pis pour lui! C’est en profitant au maximum des déductions et crédits d’impôt qui s’offrent à nous qu’on parvient à garder plus d’argent dans nos poches.

    La déduction la plus évidente (et pertinente dans notre objectif d’indépendance financière) demeure la cotisation au REER. Chaque somme déposé dans un REER fera diminuer votre revenu imposable. C’est ce qui explique le beau remboursement d’impôt en avril. Si vous cotisez en plus à un REER de fonds de travailleur, tel que celui de FTQ ou de Fondaction, vous bénéficieriez en plus d’un crédit d’impôt de 30 % ou 35 %.

    Pour les personnes avec des revenus plus modestes, le fait de diminuer leur revenu imposable pourrait même bonifier leur accès à différents crédits d’impôt non imposables comme le Crédit pour la TPS/TVH du gouvernement fédéral et le Crédit d’impôt pour Solidarité du gouvernement provincial.

    Encore mieux pour les familles : diminuer le revenu imposable pourrait faire augmenter les différentes allocations familiales non imposables. Ce sujet n’étant pas ma spécialité, je vous réfère plutôt à un expert en la matière, l’auteur du blogue Se payer en premier, qui décrit sa stratégie dans cet article. Je vous invite également à lire le chapitre 10 intitulé « Le Québec, paradis fiscal des familles » de Liberté 45 par Pierre-Yves McSween. Ça donne presque le goût d’avoir des enfants. 😉

    Bref, de grâce, ne laissez pas d’argent sur la table quand vient l’heure de faire votre déclaration de revenus. Les connaissances, c’est le pouvoir. Informez-vous sur les différents crédits et déductions applicables à votre situation afin de maximiser votre revenu net et minimiser votre facture fiscale, surtout si vous faites votre déclaration de revenus vous-même.

    C’est avec des cennes qu’on fait des piastres

    Ce n’était que quelques exemples d’idées pour vous aider à apporter un peu plus d’eau au moulin. À mon avis, avec un niveau de dépense optimisé, vous êtes déjà dans une excellente position pour commencer à épargner. Si vous parvenez à aller chercher un peu plus de revenus ici et là, c’est du bonus!

    Par ailleurs, cette étape a un avantage incontestable sur la réduction des dépenses. Vous comprenez qu’on peut réduire les dépenses jusqu’à un certain point. En revanche, augmenter ses revenus n’a pas de limite. Tout dépend de l’effort qu’on est prêt à y mettre.

    J’ai déjà hâte de vous parler de la prochaine étape. Maintenant qu’on a réduit nos dépenses et augmenté nos revenus, nous aborderons la puissance de l’épargne dans notre objectif d’indépendance financière. Entre temps, je vous invite à calculer votre taux d’épargne actuel, ou celui que vous comptez atteindre une fois toutes les bonnes stratégies mises en place. On s’en reparle la semaine prochaine. 😉

    Réduire ses dépenses

    Comme promis, voici mon premier billet d’une série de cinq qui porteront sur les étapes vers l’indépendance financière. Commençons par la base, c’est-à-dire la réduction des dépenses.

    Je commence déjà à vous perdre, hein? Au Québec, on a si peur d’avoir l’air cheap ou de se faire traiter de Séraphin, qu’on dépense à tout vent. La preuve : l’endettement moyen des ménages en 2018 se chiffrait à 170 %. Vous comprenez, comme moi, que cela veut dire que pour chaque 1 $ de revenu disponible, on en dépense 1,70 $. C’est complètement dément!

    De plus, ces gens endettés vous diront à quel point ça irait mieux s’ils gagnaient plus d’argent. Pourtant, quand vient l’augmentation de salaire ou la promotion, que font ces gens? Au lieu d’essayer de se sortir de l’endettement ou d’épargner, ils dépensent plus. Ils s’achètent une voiture financée. Ils partent dans le sud sur la carte de crédit. Ils s’achètent un cinéma maison payable sur 36 mois. Ils se retrouvent donc à nouveau pris à la gorge, sans aucune marge de manœuvre, et ils attendent déjà la prochaine augmentation.

    Alors qu’en fait, il faudrait commencer par appliquer un concept très simple : dépenser moins que l’on en gagne. La statistique citée plus haut confirme malheureusement que les gens dépensent (bien) plus que ce qu’ils gagnent.

    Par où commencer

    Maintenant qu’on a établi que gagner plus ne règle pas le problème à lui seul, passons aux choses sérieuses. Et si l’on commençait par réduire nos dépenses? Quand on y pense, c’est logique. Chaque 100 $ qu’on ne dépense pas représente 100 $ de plus dans nos poches. En revanche, travailler plus pour obtenir 100 $ supplémentaires représente réellement 60-70 $ après impôts et déductions, en plus de vous avoir coûté de votre précieux temps. Pas difficile de voir quelle méthode est la plus efficace.

    Alors, on réduit quelles dépenses? Comme le disait récemment Daniel Germain dans son article L’épargne, une déclaration d’indépendance! :

    « Ça ne veut pas dire de renoncer à une auto, à une maison, à des enfants, à un chat et à une tondeuse. Ça ne signifie pas non plus de faire une croix sur le fun. Au contraire : l’indépendance, c’est savoir reconnaître ce qui nous procure du vrai plaisir, et non des illusions et des déceptions. L’essentiel, quoi. »

    Et pour cibler l’essentiel dans nos dépenses, il faut premièrement savoir où va notre argent. C’est bien beau un budget de coin de table où l’on y additionne nos dépenses fixes, on estime à peu près le reste et on présume que ça représente bien la réalité. Cependant, avez-vous déjà réellement pris la peine de suivre chacune de vos dépenses? Je dis bien chacune. Chaque café matinal au service au volant, chaque 50 $ à l’épicerie alors qu’on allait « juste chercher du lait », chaque billet de loterie acheté en payant l’essence, et j’en passe.

    Si vous voulez tenter l’exercice du suivi de vos dépenses, je vous invite à lire mes bilans mensuels pour voir à quoi ressemble mon propre suivi de dépenses.

    Il est temps de faire le ménage!

    Une fois cet exercice fait, il vous sera beaucoup plus facile de cibler ce qui peut être éliminé ou optimisé. C’est un peu comme le principe que Marie Kondo applique au rangement : on ne garde que ce qui nous apporte de la joie et on se débarrasse du reste.

    Ça vous apporte de la joie de payer 100 $ par mois pour votre forfait cellulaire? Non. Alors, changez de fournisseur pour celui qui offre un meilleur prix.

    Ça vous apporte de la joie de savoir que votre voisin paye 50 $ moins cher que vous pour le même service de télé? Non. Alors, appelez votre fournisseur et négociez un prix à la baisse (ou annulez simplement le service, car est-ce vraiment essentiel?).

    Ça vous apporte de la joie de voir vos primes d’assurance auto augmenter d’année en année? Non. Alors, demandez des soumissions auprès d’autres compagnies, augmentez vos franchises et revoyez la pertinence d’être assuré « des deux bords ». Pour de plus amples conseils à ce sujet, allez jeter un coup d’oeil à cet article.

    Ça vous apporte de la joie de voyager? Ah bien là, oui! La facture, elle? Un peu moins. Alors, informez-vous sur le travel hacking (ou comment économiser grâce aux points de cartes de crédit).

    Une fois chaque poste de dépense passé au crible puis optimisé, on constate rapidement la liquidité supplémentaire à la fin du mois et de l’année.

    Mes dépenses

    Alors c’est bien beau tout ça, mais à quoi ça ressemble, des dépenses optimisées? Je ne prétends pas avoir un niveau de dépense parfait, loin de là, mais j’ai déjà fait un certain travail d’optimisation au cours des dernières années et je tenais à vous partager le résultat. De plus, parfois on ignore simplement que le prix pour un service X est beaucoup plus élevé que nécessaire, sans point de référence. Alors, peut-être qu’en comparant vos dépenses avec les miennes, cela vous incitera à faire quelques téléphones.

    Présentement, mes dépenses relativement fixes ressemblent à ceci :

    Poste de dépense Montant Annualisé
    Habitation
    – Loyer
    – Assurance habitation

    497,50 $/mois
    14,48 $/mois

    5 970,00 $
    173,76 $
    Voiture
    – Paiement
    – Assurance auto
    – Essence
    – Immatriculation
    – Changement d’huile
    – Permis

    403,85 $/2 semaines
    48,12 $/mois
    10,00 $/semaine
    227,57 $/année
    100,00 $/6 mois
    86,34 $/année

    10 500,10 $
    577,44 $
    520,00 $
    227,57 $
    200,00 $
    86,34 $
    Nourriture
    – Épicerie

    50,00 $/semaine

    2 600,00 $
    Abonnements
    – Cellulaire
    – Hydro-Québec
    – Internet résidentiel
    – Spotify
    – Netflix

    31,57 $/mois
    29,50 $/mois
    28,75 $/mois
    7,15 $/mois
    7,00 $/mois

    378,84 $
    354,00 $
    345,00 $
    85,80 $
    84,00 $
    Dons
    – CanaDon

    10,00 $/mois

    120,00 $
    Chats
    – Nourriture
    – Litière

    30,00 $/mois
    20,00 $/mois

    360,00 $
    240,00 $
    Total :   22 822,85 $

    Cela n’inclut pas les dépenses impulsives, imprévues ou exceptionnelles, mais ça donne un bon portrait. Si certains montants vous semblent anormalement bas, vous devez comprendre que je vis en colocation dans un 4 et demi avec ma sœur. On se partage ainsi la majorité des dépenses. Si j’avais décidé de vivre seule, j’assumerais la totalité des dépenses. C’est un choix financier qui me permet de diminuer mes dépenses considérablement.

    Vous comprenez qu’avec 22 822 $ de dépenses annuelles et un revenu net qui devrait atteindre 49 000 $ à la fin de l’année, ça laisse une excellente marge de manœuvre (26 178 $) pour l’épargne et les autres dépenses.

    Mes possibilités d’optimisation

    Bien sûr, il y a toujours matière à optimisation dans la vie. En voici quelques exemples.

    Mon poste de dépense pour la voiture est excessivement élevé présentement, mais s’optimisera de lui-même à l’échéance de mon prêt automobile en novembre 2021. Comme je le mentionnais dans mon bilan de septembre 2020, j’ai augmenté mes versements au maximum permis par l’institution financière pour le rembourser plus vite. Cela représente présentement une dépense de 10 500 $ par an, ce qui est énorme (46 % de mes dépenses fixes). Cependant, cela veut aussi dire qu’une fois la dette réduite à néant, mes dépenses annuelles fixes chuteront alors à 12 322 $!

    Mon logement représente un autre poste de dépense majeur sujet à optimisation. Il est déjà relativement optimisé considérant que je vis en colocation, plutôt que seule, ce qui me permet de bénéficier d’une certaine économie d’échelle. Le prix actuel de mon loyer me semble assez avantageux en comparaison avec une hypothèque sur une copropriété ou une maison unifamiliale et les frais afférents. Toutefois, déménager plus loin de mon travail serait une optimisation supplémentaire. À l’ère du télétravail, je ne peux m’empêcher de réévaluer la pertinence de payer pour être près de mon lieu de travail, alors que je n’y ai pas mis les pieds en sept mois. Même dans un monde post-COVID, il serait bien surprenant que j’y retourne plus que deux jours par semaine.

    Bien sûr, demeurer à proximité de mon travail sera inutile une fois financièrement indépendante. À ce moment-là, ce poste de dépense devra être optimisé via l’arbitrage géographique, si ce n’est pas déjà fait. 🙂

    La règle du 4 %

    Si j’insiste sur cette première étape, c’est parce qu’il s’agit vraiment de la base si on aspire vraiment à l’indépendance financière. On aura beau gagner 200 000 $ par an, si on le dépense au complet, ou pire à 170 %, on n’a aucune marge de manœuvre. Comme on dit, c’est « le nerf de la guerre ». Rappelons-nous que l’objectif, ici, est de pouvoir retirer suffisamment d’argent de nos placements pour couvrir nos dépenses annuelles. Ainsi, moins nous avons de dépenses, moins nous avons besoin de retirer d’argent et donc, moins nous avons besoin de placements!

    C’est en fait sur les dépenses, et non le revenu, que doit se baser la règle du 4 %. Jamais entendu parler de la règle du 4 %? Dans ce cas, laissez-moi vous diriger vers d’excellentes ressources sur le sujet :

    Bref, il s’agit du taux de retrait de nos placements que les experts considèrent comme sécuritaire. Ainsi, pour savoir combien nous avons besoin en placements pour couvrir nos dépenses (déjà préalablement calculées) à un taux de retrait de 4 %, il faut faire le calcul inverse (100 / 4 = 25). Cela revient donc à multiplier nos dépenses annuelles par 25.

    Alors, si on reprend mes dépenses annuelles mentionnées plus haut, à titre d’exemple, on arrive à ceci :

    22 822 $ * 25 = 570 550 $

    Ce qui veut dire que pour couvrir mes dépenses annuelles (qui incluent les versements sur mon prêt automobile), j’aurais besoin de 570 550 $ en placements. En revanche, une fois mon prêt automobile remboursé, le calcul ira comment suit :

    12 322 $ * 25 = 308 050 $

    Vous voyez l’énorme différence? J’aurai alors besoin de 262 500 $ de placement en moins pour couvrir mes dépenses à un taux de retrait de 4 %! Vu sous cet angle, l’indépendance financière semble beaucoup plus accessible, n’est-ce pas?

    Pour avoir une idée de ce que représente réellement un poste de dépense dans votre quête vers l’indépendance financière, je trouve toujours pertinent de calculer le montant nécessaire en placements pour couvrir la dépense en question. Par exemple, votre cellulaire vous coûte 100 $ par mois, soit 1 200 $ par an. Avec notre petite règle, on comprend que vous aurez besoin de 30 000 $ en placements seulement pour régler votre facture de cellulaire. Si on parvient à réduire notre facture de cellulaire à 50 $ par mois, on a alors besoin que de 15 000 $ en placements. De quoi faire réfléchir. 🙂

    On comprend mieux maintenant pourquoi j’insiste sur la réduction des dépenses, n’est-ce pas?

    La règle du 4 % n’est bien sûr pas complètement infaillible. Il y a beaucoup de facteurs à considérer, notamment l’âge de la retraite, l’espérance de vie, la composition du portefeuille, la tolérance au risque, etc. Certains pourraient vouloir utiliser un taux de retrait plus conservateur comme 3 % par exemple. Il faut, à ce moment-là, prévoir des placements qui équivalent à 33 fois ses dépenses annuelles. Cependant, je considère que la règle du 4 % est une bonne règle générale pour avoir une idée de notre objectif. À partir de là, il revient à chacun de faire ses propres calculs selon sa situation et ses besoins.

    Il faut passer à l’action

    Bien sûr, on ne passe pas d’un taux d’endettement de 170 % à un taux d’épargne de 50 % du jour au lendemain. C’est un travail de longue haleine. Chaque geste posé à un effet cumulatif dans le temps (comme l’intérêt composé!). Alors une chose à la fois, mais l’important est de passer à l’action. Le plus tôt vous commencez à réduire vos dépenses, le plus rapidement vous vous rapprocherez de vos objectifs. Après tout, Rome ne s’est pas bâti en un jour.

    Sur ce, je vous laisse sur un passage du dernier livre de Pierre-Yves McSween, Liberté 45, qui m’a particulièrement interpellé :

    Le chemin vers la liberté financière est simple en principe. En pratique, il faut une volonté de fer pour ne pas bifurquer de la trajectoire. Il faut surtout transformer le faux sentiment de privation en impression positive, celle que fait naître la quête de la liberté. Tout est là. Ce n’est pas se priver que de chercher à quitter la prison de la course à la folie du rien. Il faut juste changer de lunettes, laisser son voisin aller travailler dans son VUS à 50 000 $ pendant qu’on prépare secrètement sa sortie de prison. Sans frais.

    Bye-bye, voisin! Je m’en vais au chalet… pour toujours!