Épargner la différence

Enfin, on entre dans le vif du sujet.

C’est bien beau d’avoir réduit ses dépenses et augmenter ses revenus, mais on fait quoi avec la différence à la fin du mois?

Bien qu’il soit pratiquement honteux d’épargner au Québec, il est essentiel d’en parler (et de le pratiquer) si on aspire un jour à l’indépendance financière. Il faut arrêter de faire du saving shaming, pour reprendre l’expression de Pierre-Yves McSween.

Y faut se gâter dans la vie! J’ai l’doua!

Si vous êtes comme certaines personnes de mon entourage, alors vous avez bien de la difficulté à garder un seul dollar à la fin du mois, sans le dépenser. Ces personnes justifient constamment ces dépenses pour le compte d’une « gâterie » ou d’un « petit cadeau » qu’ils se font à eux-mêmes (un p’tit latte?).

Je ne sais pas pour vous, mais une dépense superflue qui revient chaque semaine (ou même chaque jour), ce n’est plus une gâterie, mais bien une (mauvaise) habitude.

Il faut briser ce cycle. C’est avec une mentalité comme ça qu’on se retrouve dépendant d’un emploi jusqu’à 65 ans (et plus), avec la RRQ et la PSV comme unique revenu à la retraite.

Ce que vous devez comprendre, c’est que seulement quelques pourcentages d’épargne peuvent représenter des années de dur labeur en moins!

Vous connaissez Monsieur Money Moustache? Difficile de parler d’indépendance financière et de retraite précoce sans le mentionner. Il a pris sa retraite à 30 ans et a été un des premiers blogueurs importants sur le sujet.

S’il y a bien un de ces articles qui mérite d’être mentionné ici, c’est son article sur Le calcul incroyablement simple pour prendre votre retraite anticipée.

Dans cet article, il présente un tableau (incroyablement) simple qui prévoit le temps restant avant l’indépendance financière en fonction du taux d’épargne.

Son tableau se base sur :

  • Un rendement après inflation de 5 % pendant la phase d’accumulation;
  • Un taux de retrait de 4 % pendant le décaissement.

Vous pouvez également vous amuser avec ce calculateur en ligne, sur lequel Monsieur Money Moustache a basé son tableau.

Allez-y, voyez combien de temps il vous reste à travailler.

La méthode de calcul

Peut-être vous demandez-vous comment calculer ce fameux taux d’épargne?

J’aime garder ça simple. Premièrement, considérez quel montant vous arrivez à mettre de côté sur chaque paye.

Si le montant est de zéro, alors le calcul ne sera pas difficile. À moins d’avoir un régime de retraite offert par votre employeur, cela veut dire que vous devrez travailler pour toujours, ou vous contenter de la RRQ et la PSV pour subvenir à vos besoins à la retraite.

Ensuite, prenez votre revenu net, c’est-à-dire après impôt. Il s’agit donc du montant déposé dans votre compte chaque semaine ou deux semaines par votre employeur. Bien sûr, pour les travailleurs autonomes, ça peut être plus compliqué. Dans ce cas-ci, il serait sage de calculer une moyenne.

Ensuite, appliquez la simple règle mathématique suivante :

(Somme épargné / revenu net) * 100

Certains aiment considérer le remboursement de dettes comme étant de l’épargne (forcée). Assurément, cela gonfle le taux d’épargne (et donne possiblement bonne conscience). À mon avis, ça ne donne pas quelque chose de représentatif, car cette « épargne » ne sera pas une source de revenus passifs à la retraite. Je comprends que cela augmente la valeur nette, mais pas les placements.

Alors, si on garde les choses simples avec la formule ci-haut, quelqu’un qui reçoit 1 500 $ par deux semaines et en met 300 $ de côté a un taux d’épargne de 20 %. Il lui reste 1 200 $ pour ses dépenses jusqu’à la prochaine paye.

Selon le calculateur mentionné précédemment (ou le tableau de Monsieur Money Moustache), quelqu’un qui part de zéro et commence à épargner 20 % de son salaire net devra travailler 37 ans avant d’atteindre l’indépendance financière. Ainsi, si cette personne a 18 ans, elle peut s’attendre à pouvoir prendre sa retraite à 55 ans. On parle déjà de retraite précoce à cet âge!

En revanche, si cette même personne parvenait à épargner 30 %, soit 150 $ de plus par deux semaines, elle n’aurait qu’à travailler 28 ans, soit 9 ans en moins!

9 ans!

Cette personne serait libre financièrement à 46 ans.

Finalement, ça vaut peut-être la peine de changer de forfait de cellulaire.

La puissance du taux d’épargne

Dans l’atteinte de l’indépendance financière, votre meilleur allié sera initialement votre taux d’épargne.

Avant de lire ce billet, vous pensiez peut-être que ce qui importait, c’était le rendement sur vos investissements. Bien que non négligeable, on n’en ressent malheureusement pas les effets dès le début du parcours. C’est plus tard dans le processus que le rendement a un rôle essentiel.

Il faut comprendre que le rendement importe peu quand on commence tout juste à épargner. Faire 10 % sur 0 $, c’est 0 $. Alors il faut concentrer nos efforts ailleurs, c’est-à-dire sur le taux d’épargne.

À titre d’exemple, ma sœur s’est mise à épargner et investir sérieusement cette année (faut croire que j’ai une certaine influence!). Bien qu’à près de 30 000 $ en placements déjà, elle n’y voit que très peu d’impact relié au rendement. En effet, même si elle obtenait un rendement de 10 %, on parlerait alors que de 3 000 $ de gain. Bien qu’agréable de réaliser qu’on fait 3 000 $ sans travailler, ce n’est pas le rendement qui fait augmenter rapidement ses économies.

Dans son cas, ce qui fait vraiment la différence, c’est les 60 % et plus qu’elle épargne de son revenu net. À la fin de l’année, ses placements augmentent de 20 000-30 000 $ grâce aux efforts qu’elle met à épargner.

En revanche, quand ma sœur aura atteint 200 000 $ en placement et que son rendement de 10 % lui procurera 20 000 $ en gain, alors on pourra parler de la puissance du rendement. 🙂

La réalité québécoise

En novembre 2019, on apprenait que le taux d’épargne des Québécois touchait son niveau le plus élevé depuis 23 ans. Ce qu’on était fier de constater que les Québécois n’avaient « jamais autant mis de côté. » (source)

Wow! Les Québécois reprennent leurs finances personnelles en main! Et quel est ce fameux taux d’épargne digne d’un tour de force?

6,2 %.

Quelqu’un qui part de zéro, avec un tel taux d’épargne, peut s’attendre à travailler plus de 60 ans avant d’atteindre l’indépendance financière.

Ouch.

En revanche, 2020 nous a livré bien des rebondissements. Contre toute attente, le taux d’épargne enregistré d’avril à juin 2020 par l’Institut de la statistique du Québec atteint des sommets inégalés depuis au moins 40 ans. En effet, les Québécois ont réussi à économiser près de 35 % de leurs revenus nets en pleine crise.

Alors là, tu parles! Un taux d’épargne de 35 % représente 25 ans de travail avant d’atteindre l’indépendance financière. Imaginez si ça devenait la norme. La retraite précoce serait alors monnaie courante. 😉

Toutefois, ce taux d’épargne record s’explique majoritairement par les reports de paiement sur les hypothèques et les autres dettes. Ainsi, à la reprise du remboursement de ces dettes, le taux d’épargne redescendra à la «normale» pré-pandémie.

Espérons simplement que les Québécois auront pris goût à l’épargne.

Mon épargne

Je n’ai pas toujours été très consciencieuse dans mon épargne. Avant 2017, mon épargne volontaire (c’est-à-dire excluant les cotisations à un REER ou au fond de pension d’un employeur) s’établissait à 0 %. Je n’avais pas de REER individuel. Le CELI que j’avais, j’y faisais des retraits au fur et à mesure.

Par la suite, j’ai commencé à épargner petit à petit. Je n’ai pas toujours pris en note ce que j’épargnais, mais mes relevés me permettent de faire des estimations. Je peux dire que mon taux d’épargne en 2019 tournait autour de 27 %. Pour 2020, j’estime pouvoir terminer l’année autour de 51 %. Dorénavant, je prends tout (tout, tout) en note, alors je devrais être en mesure de vous donner l’heure juste lors de mes futurs bilans annuels. 🙂

Pour quelqu’un qui part de zéro, 51 % d’épargne, c’est environ 17 ans de travail avant d’atteindre l’indépendance financière. Si on commence suffisamment jeune, vous comprenez que la retraite précoce est inévitable. 😉

Dans mon cas, avec déjà 100 000 $ et plus en investissement, on parle plutôt de 10 ans de travail avant l’atteinte de mes objectifs. Bye-bye boss à 39 ans, pas si mal!

Cependant, mon calcul de taux d’épargne ne prend pas en considération mon régime de retraite à prestations déterminées (RRPD). C’est toutefois un facteur non négligeable. Présentement, ma contribution à mon RRPD représente 8,4 % de mon salaire brut. À cela s’ajoutent les contributions de mon employeur.

Au moment de quitter mon emploi pour la retraite précoce, je compte prendre le remboursement de la valeur de la rente et l’investir moi-même dans un compte de retraite immobilisé (CRI). Mon régime prévoit que la prestation minimale en cas de remboursement de la valeur de la rente est 175 % des cotisations salariales de l’employé avec les intérêts cumulés. Cette forme d’épargne « forcée » accélère substantiellement l’atteinte de mes objectifs.

Finalement, j’estime pouvoir épargner au minimum 60 % de mon revenu net dans les années à venir, une fois ma voiture complètement remboursée. Sans oublier que mon salaire devrait continuer à augmenter chaque année!

Ainsi, considérant les sommes que j’ai déjà investies, mon RRPD et un taux d’épargne futur de 60 %, j’estime réellement 6 ans avant l’indépendance financière. On parle donc d’une retraite précoce à l’âge vénérable de 35 ans! 😉

L’indépendance financière vous guette

Vous comprenez ce que je veux dire par la puissance de l’épargne? L’indépendance financière vous attend au détour! À chaque pourcentage d’épargne en plus, vous réduisez le temps qu’il vous reste sur le marché du travail! L’expression « le temps c’est de l’argent » prend tout son sens, n’est-ce pas? Quand 150 $ chaque deux semaines représente 9 ans de plus ou de moins à travailler, ça fait réfléchir.

Le meilleur truc pour faciliter l’augmentation du taux d’épargne? L’automatisation. Faites-vous des virements pré-autorisés à chaque jour de paye pour le pourcentage d’épargne que vous visez. Ensuite, vous dépensez seulement ce qu’il reste. C’est ce qu’on appelle « se payer en premier ».

Avez-vous fait vos calculs? Êtes-vous plus près de l’objectif que vous le pensiez? L’indépendance financière est possible. N’en doutez pas.

Rien ne peut être impossible quand on veut.

– Capitaine Jean-Luc Picard

Et on fait quoi avec nos économies?

Mon prochain billet portera sur l’investissement de notre épargne. On peut épargner tout l’argent qu’on voudra, mais si on ne fait que le cacher sous le matelas (bref, l’équivalent de le mettre dans un CPG), alors la retraite précoce ne sera pas possible. Car sans rendement sur notre argent, notre pactole sera réduit à néant bien avant notre décès. Une fois qu’on arrête de travailler, notre argent doit travailler pour nous.

Je sais pertinemment qu’investir en bourse, ça peut être terrifiant. Je tâcherai donc de rendre le sujet le plus accessible possible. Quiconque néglige d’investir son épargne laisse (beaucoup!) d’argent sur la table.

Et je n’aime pas qu’on laisse de l’argent sur la table.

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3 Comments

  1. Oh, thank you! That’s very much appreciated. 🙂

  2. Salut a toi, bel article, très clair.

    l’épargne systématique est la clé maitresse pour atteindre l’indépendance financière sans trop s’en rendre compte. Personnellement, c’est 30% de ma paie nette qui va directement dans mes investissements et ce, le lendemain de chaque paie. Je n’ai donc pas à m’inquiété au quotidien. Si je me retrouve en surplus dans mon compte ou au retour d’impôt, je peux ajouter dans les REEE, CELI ou REER personnel selon mes priorités. Ceci minimise grandement la réflexion au quotidien.

    Un conseil (je ne suis pas conseillé financier, donc à prendre à la légère) à donner à des jeunes qui débuts, mette un virement de 20% du nette à chaque paie dans celi/reer, disons 10% chacun. Ainsi ils pourront accumuler un capital de départ sans avoir à réduire leur rythme de vie comme lorsque quelqu’un plus vieux doit faire lorsqu’il se prend en main.

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