J’ai récemment commencé un nouvel horaire de travail. Mon employeur appelle ça des semaines comprimées, c’est-à-dire que je fais maintenant 70 heures en neuf jours, plutôt qu’en dix. Ainsi, pour le prix d’un maigre 45 minutes de plus par jour de travail, j’ai un lundi de congé sur deux.
Comment je trouve ça? J’adore!
Et je me demande bien ce qui m’a fait tant hésiter à le demander. C’est quelque chose que j’envisageais depuis plusieurs années, mais qui me semblait inapproprié pour une jeune adulte sans enfant. Je me disais toujours que ça servirait plus à un jeune parent ou à quelqu’un qui se rapproche de la retraite traditionnelle.
Malgré ces drôles de préconceptions, j’en ai fait la demande. Ç’a été accepté immédiatement. Pas plus compliqué que ça.
Ça fait désormais trois mois que j’en profite, et je ne ferais certainement pas marche arrière. En fait, ça m’amène même à réfléchir encore plus aux différentes options que m’amène ma situation financière actuelle.
Mon employeur offre plusieurs autres types d’horaires, vous comprenez. Sans tomber dans la demande extraordinaire, il me serait bien simple de réduire mon horaire à quatre jours par semaine (28 ou 32 heures). Par contre, comparativement à l’horaire que je fais actuellement, cela impliquerait de réduire mes revenus.
Disons que pour le moment, je ne me sens pas prête à prendre une paycut, même de seulement quelques heures par semaine. Non pas parce que j’en ai besoin pour vivre, loin de là. C’est juste qu’avec l’état des marchés actuels, je suis bien heureuse d’avoir 100 % de mon salaire pour en investir autant que possible. Après tout, il n’y a pas de meilleur moment pour être en mode accumulation que lors d’un marché baissier!
N’empêche que les options sont là. Et c’est pas mal agréable d’avoir des options.
L’avantage d’être frugale
Comme mentionné précédemment, mon style de vie plutôt frugal me permettrait sans problème une paycut volontaire. La seule chose qui changerait réellement, c’est mon taux d’épargne.
Concrètement, je n’ai besoin que d’une fraction de mes revenus actuels pour vivre. Comme mon taux d’épargne actuel se situe autour de 65 %, ça revient à dire que je vis seulement sur 35 % de mes revenus nets (soit environ 20 000 $).
D’ailleurs, ça m’a amené à calculer le salaire que je ferais en fonction de différents horaires de travail.
Présentement, avec mon horaire de 35 heures par semaine, je gagne 86 468 $ brut ou 59 720 $ de revenu disponible. J’ai utilisé ce calculateur pour déterminer le revenu disponible. J’y ai déduit le « Montant ponctuel pour le coût de la vie » de 500 $, car il s’agit d’un crédit exceptionnel.
Voilà le même exercice selon différents horaires hypothétiques :
Revenu brut | Revenu disponible | |
4 jours (32 h) | 79 056,00 $ | 54 591,00 $ |
4 jours (28 h) | 69 175,00 $ | 47 920,00 $ |
3 jours (21 h) | 51 881,00 $ | 38 130,00 $ |
2 jours (14 h) | 34 587,00 $ | 28 578,00 $ |
1 jour (7 h) | 17 294,00 $ | 20 510,00 $ |
Quand on prend en considération que je vis déjà avec approximativement 20 000 $ de mes revenus, voilà des résultats bien encourageants. Bien qu’il soit peu probable qu’un travail comme le mien soit faisable en moins de trois voire quatre jours par semaine, il est quand même exaltant de penser que mes besoins financiers sont comblés après une seule journée de travail par semaine.
De façon plus réaliste, j’aurais probablement pas mal de négociation à faire réduire en bas de 28 heures par semaine. Toutefois, les employeurs cherchent tellement de main d’œuvre que je doute que la lutte soit si rude. J’ai d’ailleurs récemment entendu parler d’une employée de mon département qui réduisait son horaire à trois jours pour pouvoir se concentrer sur un projet personnel. C’est donc faisable.
Et mon épanouissement, ça compte comme un projet personnel? Ça devrait. 🙂
Coast FI
Tout ça me ramène un peu au principe du Coast FI. Il s’agit d’un sujet que j’avais déjà abordé dans cet article. Article qui avait d’ailleurs inspiré Retraite 101 à faire le grand saut l’an dernier. 😉
Pour ceux qui ne connaissent pas le concept, Coast FI implique que la valeur de vos placements actuels est suffisante pour financer votre future retraite sans avoir à y contribuer davantage d’ici là. Vous laissez simplement croître votre portefeuille jusqu’au jour où vous désirez tirer la plogue. Entre-temps, vous n’avez qu’à aller chercher un revenu suffisant pour couvrir vos dépenses courantes.
Donc, avec cette logique, je pourrais ne faire qu’un jour de travail à mon taux horaire actuel et je pourrais me considérer Coast FI. Je n’aurais plus à mettre un sou de côté et ma retraite serait quand même acquise pour l’âge vénérable de 45 ans d’après ce calculateur (beaucoup plus simple à utiliser qu’un tableau Excel comme je me faisais avant!).
Quand j’ai fait l’exercice pour la première fois en novembre 2020, j’y parvenais à 54 ans. Il y a tout de même une belle progression malgré l’état des marchés boursiers!
Pour l’instant, j’ai encore pour objectif d’atteindre l’indépendance financière « complète », mais c’est toujours motivant de voir où j’en suis, ma progression et mes options.
Les autres options
D’ailleurs, ça ne s’arrête pas là.
Je pourrais occuper un tout autre emploi beaucoup plus passionnant à temps partiel. Cela impliquerait probablement une baisse de salaire horaire, mais je n’aurais qu’à générer assez de revenus pour couvrir mes dépenses, toujours sous le principe de Coast FI. Dans le marché actuel, je ne crois pas que ce soit quelque chose de bien difficile à obtenir.
Sinon, le télétravail permis par mon employeur offre aussi son lot de possibilités. Ce serait sûrement à négocier, mais de travailler du Québec, ou de travailler de la Floride (par exemple) quelques mois pendant l’hiver, ça ne fait pas vraiment de différence sur la prestation de travail.
L’option de prendre un congé de quelques mois en sans solde est aussi une idée alléchante. Je lis présentement le livre Que reste-t-il de nos voyages? qui raconte les expériences de divers voyageurs québécois à travers le monde, et je dois dire que ça donne envie de s’éclipser dans des contrées lointaines!
D’un côté, je me dis que je pourrai le faire autant que je le désirerai une fois FIRE. De l’autre, je me dis qu’il faut aussi profiter du moment présent et du confort financier déjà acquis, quitte à retarder un peu FIRE. Entre les deux, mon cœur balance.
C’est assez ironique. Mon frère a récemment démissionné impulsivement de son emploi et a pris environ trois mois de congés (à ses frais) pour « décanter ». Trois mois, c’est pas rien! Connaissant ses mauvaises habitudes financières, j’aurais pensé mon frère à quelques semaines de la faillite. Pourtant, il a survécu! Avec combien de dette, je n’en sais rien, mais s’il peut le faire, je serais certainement capable.
J’envie presque son insouciance, car je serais assurément incapable de le faire sans y avoir réfléchi longuement. J’ai beaucoup trop besoin du réconfort de mes calculs avant de me lancer dans quelque chose de ce genre.
Conclusion
Bref, tout ça pour dire que plus on avance sur le chemin vers l’indépendance financière, plus les options s’accumulent. En tout cas, c’est mon impression. Et ce, même si on dirait qu’on fait du surplace dans les marchés depuis le début de l’année!
Pour l’instant, malgré les tentations, je garde le cap et j’apprécie mon nouvel horaire de semaine comprimé. Reste à voir si je me laisserai tenter éventuellement par des heures réduites, un long congé ou toutes autres choses.
Entre-temps, j’apprécie énormément mes longs weekends chaque deux semaines. C’est fou ce qu’une journée de plus m’apporte comme sentiment de liberté. C’est particulièrement agréable maintenant qu’on commence à avoir du beau temps. C’est habituellement l’été que je déplore le plus ma perception de manquer de temps. Après tout, l’été et le beau temps, ça passe très vite au Québec! Je suis contente de pouvoir en profiter un peu plus. 🙂
Et vous, avez-vous envie de vous laisser tenter par un peu plus de liberté et de flexibilité, ou vous gardez le cap?
Au plaisir!